La lettre se présente comme un plaidoyer en faveur d’Agnès Saal, l’ex-patronne de l’Ina, sanctionnée la semaine dernière par François Hollande à deux ans de suspension de la fonction publique, dont six mois ferme (sans traitement). La missive adressée au chef de l’État a déjà a été cosignée, à ce stade, par 98 personnalités du monde de la culture et de la haute fonction publique.
La clôture des signatures interviendra le 12 janvier. Le Point a intercepté ce courrier avant expédition. À l’initiative, on retrouve Alain Bonhomme, inspecteur général des affaires culturelles honoraire, l’un des plus fervents défenseurs d’Agnès Saal. On notera que les auteurs de la lettre ne réclament rien. Il ne s’agit pas d’un « recours gracieux », mais la lettre sonne comme une longue admonestation envers le chef de l’État pour l’injustice dont il serait l’auteur.
Les signataires estiment qu’Agnès Saal, à qui l’État reproche des factures de taxis excessives (40 000 euros à l’Ina) pour elle-même et son fils, a hérité d’une sanction « en réalité sans aucune proportion aux faits reprochés, eux-mêmes systématiquement majorés dans le rapport servant de base aux poursuites ». Selon eux, l’ex-patronne de l’Ina est une « victime expiatoire devant supporter seule les procès médiatiques et rappels à la régularité que justifieraient les errements dont la haute administration et les présidences d’établissements publics sont, à tort ou à raison, accusées ». Les signataires semblent bien informés sur les moeurs de la haute fonction publique. On veut des noms !
« Une situation familiale particulièrement douloureuse »
Mais quelle est donc la faute d’Agnès Saal ? Ses défenseurs en ont une vision très particulière : « Sa faute se limite (...) à avoir, dans une situation familiale particulièrement douloureuse, donné à son fils le code de son abonnement de taxi et de ne pas en avoir contrôlé l’usage. Cette faute, elle ne l’a pas niée. Elle en a immédiatement remboursé le coût à l’Ina. Et ce coût était sans commune mesure avec les économies de dépenses liées à la fonction de président (frais de taxi compris) qu’elle a réalisées dans cet établissement et surtout avec celles que la qualité de sa gestion a opérées dans toutes les structures dont elle a été responsable. »
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La lettre des amis d’Agnès Saal
Monsieur le Président de la République,
Vous avez décidé d’infliger à Agnès Saal deux ans d’exclusion temporaire de fonctions, dont six mois fermes.
Cette sanction pourrait sembler modérée puisque, au cours de la procédure disciplinaire consultative, les représentants de l’administration ont agité la menace d’une révocation ou d’une exclusion temporaire de fonctions de deux ans sans sursis.
Nous vous écrivons pourtant pour vous dire notre sentiment d’injustice devant une sanction qui est en réalité sans aucune proportion aux faits reprochés, eux-mêmes systématiquement majorés dans le rapport servant de base aux poursuites. Cette mesure aggrave donc un processus, engagé par madame la ministre de la Culture et de la Communication avant même de disposer de ce rapport, qui a livré à la vindicte des médias une fonctionnaire considérée par tous ceux qui l’ont côtoyée comme l’un des meilleurs responsables du service public de la culture, auquel elle s’est dévouée sans limites depuis plus de trente ans.
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