L’annonce de Macron de supprimer la taxe d’habitation pour une majorité de Français, 4 sur 5, réchauffe la population qui a plus été habituée à se faire plumer qu’à se faire remplumer depuis 30 ans. Sauf que cette suppression cache son coût. On appelle ça un coût caché. Vous ne pensiez tout de même pas que le libéralisme, ce misérabilisme, allait vous faire un cadeau !
D’abord, qu’est-ce que la taxe d’habitation (TH) ? On la paye, mais on ne sait pas vraiment où ça va. Cette taxe s’ajoute aux impôts que les Français versent chaque année à la Nation. Normalement, la TH va dans la poche des communes pour financer la vie économique et sociale locale. Mais allons plus loin.
Effectivement, la TH sert à financer les services publics communaux, avec une rentrée de 22 milliards en 2016, auxquels il faut ajouter la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (17 milliards) et la taxe sur le foncier bâti (32 milliards), cette dernière étant payée par les propriétaires. La TH touche 30 millions de foyers, et tout le monde paye, même un peu.
Il y a évidemment des exonérations pour les revenus modestes, soit 25 000 euros annuels par foyer (2 smic). Le montant de la taxe lui, est déterminé par la qualité de l’habitation en question. On ne payera pas pareil en haut des Champs-Élysées qu’en bas de la tour Lénine à Bobigny. Les contribuables qui ont la chance de vivre dans une ville très active économiquement, donc couverte d’entreprises, payeront relativement moins que les autres, ceux des communes pauvres, on pense à ces villes du 93 où les entreprises (qui mettent au pot) sont rares.
Macron, expert en bonneteau :
Ceci étant dit, passons à la mesure macronienne. Elle a permis de faire basculer beaucoup de votes dans sa besace car en moyenne, les Français économiseront 1 000 euros par an. Ce n’est pas rien, surtout en période libérale, pardon, de crise. 19 millions de Français seront exonérés de cette taxe, d’après les calculs de proches de Macron.
Cependant, ce sont les communes qui vont êtres impactées, pardon, affectées par cette mesure qui leur retire automatiquement 10 milliards. Normalement, ce manque à gagner sera recouvert par l’État, a promis Macron. Mais les maires, ces petits malins, tiennent à leur autonomie fiscale. Ce faisant, Macron les rend dépendants de sa manne. C’est un coup politique très malin. En changeant juste les masses de place, il gagne sur deux tableaux : on l’a vu avec le « coup » électoral, et la mise au pas des maires qui perdront toute autonomie.
Extrait de L’Express du 14 avril 2017 :
Quoi qu’il en soit, les arguments d’Emmanuel Macron ne convainquent pas les élus. « Depuis des décennies, rappelle Philippe Laurent, maire de Sceaux (UDI) et secrétaire général de l’AMF, l’État a supprimé de nombreuses recettes des collectivités locales en promettant toujours de les rembourser. Depuis des décennies, il ne tient pas sa promesse, par exemple pour la taxe professionnelle ». Et le fait que le candidat d’En marche ! ait appartenu à un gouvernement qui a fortement baissé les dotations aux collectivités n’a évidemment rien pour rassurer les élus.
Conclusion ? Les petites mairies vont avoir du mal à récupérer le manque à gagner, elles vont devoir se soumettre au pouvoir central, et le niveau des services publics va encore baisser dans cette France rurale qui ne fait pas de bruit mais dépérit doucement.