Il n’y a rien à jeter dans la présentation du nouveau magazine de Louis Pauwels par Jean-Edern Hallier. Le sens de la formule, la lucidité sur la presse, l’assassinat de la fausse gauche, le salut par la culture exigeante...
Aujourd’hui, un tel journal sortirait qu’il serait aussitôt taxé de « fasciste ». Ce que le Canard enchaîné et ses confrères de la presse bien-pensante ne se sont pas gênés de dire à l’époque !
Alain de Benoist avec sa « Nouvelle Droite » allait y infléchir un temps la ligne de la droite conservatrice, quatre ans à peine après l’expérience inédite de L’Idiot international, l’hebdomadaire de Jean-Edern Hallier qui associait des communistes à des nationalistes dans un ensemble cimenté par le talent...
Il y a 39 ans tout rond, une révolution dans la presse française : la naissance du Figaro Magazine (1978) pic.twitter.com/0Eo6tWEjgE
— Ina.fr (@Inafr_officiel) 7 octobre 2017
Louis Pauwels a été accusé de tous les maux il y a 40 ans. Pourtant, il ne faisait que dire des choses de bon sens, avec... 40 ans d’avance. Le sida mental, on l’a sous nos yeux aujourd’hui. C’est ce mélange de bien-pensance, d’écriture inclusive, de délires LGBT, de pression socialo-sioniste, de peur de déraper, de larbins à tous les postes, du rabaissement généralisé, dans les médias ou à l’école... L’édito du FigMag daté du 6 décembre 1986 tape dans le mille :
« Ce sont les enfants du rock débile, les écoliers de la vulgarité pédagogique, les béats nourris de soupe infra idéologique cuite au show-biz, ahuris par les saturnales de Touche pas à mon pote. Ils ont reçu une imprégnation morale qui leur fait prendre le bas pour le haut. Rien ne leur paraît meilleur que n’être rien, mais tous ensemble, pour n’aller nulle part. Leur rêve est un monde indifférencié où végéter tièdement.
Ils sont ivres d’une générosité au degré zéro, qui ressemble à de l’amour mais se retourne contre tout exemple ou projet d’ordre. L’ensemble des mesures que prend la société pour ne pas achever de se dissoudre : sélection, promotion de l’effort personnel et de la responsabilité individuelle, code de la nationalité, lutte contre la drogue, etc., les hérisse. Ce retour au réel leur est scandale. Ils ont peur de manquer de moeurs avachies. Voilà tout leur sentiment révolutionnaire.
C’est une jeunesse atteinte d’un sida mental. Elle a perdu ses immunités naturelles ; tous les virus décomposants l’atteignent. Nous nous demandons ce qui se passe dans leurs têtes. Rien, mais ce rien les dévore. Il aura suffi de cinq ans pour fabriquer dans le mou une telle génération. Serait-ce toute la jeunesse ? Certainement pas. Osons dire que c’est la lie avec quoi le socialisme fait son vinaigre. »
Édito qui fera couler toute l’encre de la presse de gauche et des éditorialistes. Ils mordront à pleines dents dans ce texte qui finalement leur explosera à la gueule, hélas beaucoup plus tard puisque ces journaux seront tous en capilotade. Aujourd’hui, le socialisme égalitariste est mort, un autre socialisme se prépare, plus brut, plus dur, plus exigeant. Il était temps. Mais ça, Louis Pauwels n’y pourra rien.
Céline, interrogé par Louis Pauwels en 1961 :
Louis Pauwels, interrogé par Ardisson en 1989 :
Le numéro un du FigMag se vendra à 400 000 exemplaires, puis montera rapidement jusqu’au million, grâce à l’arrivée au pouvoir de la terreur des bourgeois (des années 70) François Mitterrand. La gauche au pouvoir, avec ses espoirs et ses ratés, fera de l’hebdo de Pauwels le bastion idéologique de l’opposition, qui tapera dur sur la bande à Jack Lang qui symbolisait ce fameux « sida mental ».
Fidèle à sa ligne qui lui faisait préférer ses ennemis à ses amis, Mitterrand l’invitera à déjeuner. C’est Jacques Attali qui rapporte l’anecdote dans son livre C’était François Mitterrand :
« François Mitterrand avait beaucoup aimé “L’Amour monstre” le deuxième roman du directeur du Figaro Magazine, qui le débinait chaque semaine. Le président en parla magnifiquement à son auteur. Littéraire, la conversation fut brillante et sincère. Après ce déjeuner, qui dura quatre heures, Louis Pauwels continua de le critiquer mais sans plus jamais l’insulter. »
Dur d’aspect et de plume, l’ami des chiens Louis Pauwels avait lui aussi ses faiblesses.