Il y a 40 ans s’éteignait le Grand Timonier, Mao Zedong. 12 ans plus tôt, fidèle à son art de la perception en profondeur des hommes et des nations, le général de Gaulle, le 31 janvier 1964, expliquait lors de cette conférence de presse pourquoi il noue des liens diplomatiques avec la République populaire de Chine.
Il sera le premier grand dirigeant à dégeler les relations avec l’Empire dit du Milieu. Et sera suivi en cela par Richard Nixon, qui était un admirateur inconditionnel du Général. Les Américains sauront faire fructifier cette ouverture diplomatique qui fera, 40 ans après 1972, de la Chine une puissance économique de premier plan, mais aussi l’atelier du monde... et des États-Unis.
Charles de Gaulle, l’homme des contre-pieds, un chef d’État de droite qui brise l’isolement d’un pays communiste honni par les capitalistes (et aussi un peu par l’Union soviétique), un événement qui crée la surprise mondiale, même si les Américains savaient, grâce à une taupe dans l’entourage du président français, ce que ce dernier tramait.
On appréciera, dans ce discours sans notes de cet authentique chef d’Etat, l’équilibre harmonieux entre la leçon historico-politique, la prise en compte aiguë des intérêts de la France, et le coup en douce aux deux Grands, États-Unis et URSS, permettant à la France de prendre symboliquement la tête de la coalition mondiale des non-alignés.
Et surtout, il ressort de ce discours la formidable puissance d’une véritable indépendance nationale exprimée et assumée : imagine-t-on aujourd’hui François Hollande prendre une décision de politique internationale sans en référer à ses supérieurs directs, Angela Merkel, Barack Obama et Benyamin Netanyahou (par ordre d’importance protocolaire) ?
Le discours du général de Gaulle du 31 janvier 1964 :
La Chine, avec sa longue Histoire, a vu se succéder de nombreux dirigeants. Voici la liste de cinq d’entre eux qui ont le plus marqué le pays et contribué à façonner la nation la plus peuplée de la planète.
1. Qin Shi Huang (221-210 av. J.-C.)
La Chine a été unifiée en 221 av. J.-C. après que le peuple Qin, venu de l’ouest, ait emporté de nombreuses batailles militaires sur un certain nombre d’États rivaux. Leur dirigeant, Qin Shi Huang (premier empereur de la dynastie Qin), a établi un gouvernement fort et centralisé, en partie en dépossédant les seigneurs féodaux de leurs terres. Il a également normalisé les poids et mesures, la monnaie et le système d’écriture, et a ordonné la construction de plusieurs palais, de milliers de kilomètres de routes reliant les provinces à la capitale et d’une première version de la Grande Muraille de Chine.
Prônant le légalisme, Qin Shi Huang ne tolère pas la dissidence. En 213 av. J.-C., il fait brûler presque tous les livres non légalistes, qu’ils soient taoïstes, confucéens ou d’autres croyances, et fait également enterrer vivants environ 460 intellectuels non légalistes, l’année suivante.
L’ironie veut que Qin Shi Huang soit décédé (en 210 av. J.-C.) probablement à la suite de l’ingestion de trop de mercure qu’il consommait dans l’objectif d’atteindre l’immortalité. Il fut enterré à proximité de la ville de Xi’an, aux côtés de milliers de soldats – grandeur nature – en terre cuite qui sont restés inconnus jusqu’en 1974. La dynastie des Qin d’autre part, est tombée en ruines seulement quatre ans après la mort de son fondateur et fut remplacée par la dynastie des Han pro-confucéens.
2. Gengis Khan (1279-1294)
Chef mongol, Gengis Khan a commencé à lancer des invasions dans la Chine contemporaine presque immédiatement après avoir uni les tribus nomades du plateau mongol en 1206. Son petit-fils Kublai Khan acheva la conquête en 1279, ce qui porta l’ensemble de la Chine sous domination étrangère pour la première fois. Kublai, qui fonda la dynastie des Yuan, jugeait les Chinois juridiquement inférieurs et recrutait des étrangers pour administrer le royaume.
Mais Kublai a également essayé de gagner le soutien de la population, réparant des dommages de guerre, allégeant le code pénal draconien de son prédécesseur, promouvant les arts et développant l’expansion d’un système postal efficace. En outre, il a construit une capitale impériale de style chinois dans un lieu désormais connu sous le nom de Pékin. Bien que souffrant de dépression et de la goutte, pour ne pas mentionner son obésité morbide, Kublai resté au pouvoir jusqu’à sa mort en 1294. L’empire mongol a commencé peu de temps après à s’effriter et la dynastie Yuan fut renversée en 1368.
3. Sun Yat-sen (1912)
La Chine a perdu une série de guerres au 19e siècle qui l’a contrainte de faire des concessions territoriales à la Grande-Bretagne, la Russie et au Japon. Ces humiliations, avec les mauvaises réformes qu’elles entraînèrent dans leur sillage, poussèrent un médecin du nom de Sun Yat-sen à préparer une révolution armée. Sun espérait remplacer le règne de la dynastie Qing par un gouvernement fondé sur les principes du nationalisme, de la démocratie et du bien-être social. Lorsque son premier soulèvement échoue en 1895, il fuit à l’étranger pour lever des fonds et gagner des partisans. Plusieurs autres soulèvements ont suivi, dont le dernier a conduit à la création de la République de Chine, le 1er janvier 1912, avec Sun comme président provisoire.