Lors de son procès en appel à Liège, une peine de 30.000 euros d’amende a été requise à l’encontre du polémiste français suite aux propos qu’il a tenus lors de deux spectacles donnés à Herstal.
Une peine de 30.000 euros d’amende a été requise, ce vendredi à la cour d’appel de Liège, à l’encontre du polémiste français Dieudonné M’Bala M’Bala suite aux propos qu’il a tenus lors de deux spectacles donnés à Herstal. Ses conseils estiment qu’il y a eu, dans le chef des autorités judiciaires liégeoises, une « incompréhension ». Pour eux, on ne devait « pas appréhender ce spectacle sur base d’un texte brut ». Pour le parquet général et les parties civiles, on a largement dépassé les limites de la liberté d’expression et le Français doit être condamné pour avoir tenu des propos « discriminatoires, antisémites, négationnistes et révisionnistes » et pour avoir incité à la haine.
« Hitler ? Un joyeux fanfaron »
Les deux spectacles s’étaient déroulés le même jour, le 14 mars 2012, devant plus d’un millier de personnes. C’est le conseil de quartier des jeunes de Droixhe qui l’avait mis sur pied, après que deux de ces jeunes eurent rencontré Dieudonné à Paris. Ils avaient sympathisé, les jeunes lui avaient demandé de venir parler à leurs copains de Droixhe. Dans ce « show », le polémiste qualifie Hitler de « joyeux fanfaron », il y évoque l’existence des chambres à gaz avec suspicion (« on n’ose pas demander les plans »), il qualifie le Talmud de « livre de m… de », il fait allusion à une série de personnalités issues de la communauté juive en les égratignant, il ironise sur les homosexuels en qualifiant la Gay Pride de « cirque Pinder » et en épinglant le fait qu’il n’y a pas d’homosexuels dans « sa » salle.
« Il encourage son public à commettre des actes de violence, il incite à la haine, et en particulier à la haine contre les juifs », a souligné Me Lemmens, conseil du Foyer culturel juif de Liège et du Comité de coordination des organisations juives de Belgique. « On ne peut utiliser l’humour comme une arme de haine », a ajouté Me Berbuto pour le centre interfédéral pour l’égalité des chances (Unia). Pour ces parties civiles, qui ont rappelé l’arrêt de la cour européenne qui déboutait Dieudonné l’an dernier, « ce spectacle et le prétendu humour qu’il véhicule ne sont qu’un prétexte pour tenir des propos contraires à la loi ».
Dieudonné avait été condamné, en première instance, a une peine de 2 mois de prison ferme, 9000 euros d’amende et la publication des 17 pages de jugement dans les journaux Le Soir et La Libre. C’était la première condamnation de Dieudonné à de la prison ferme. L’avocate générale Marianne Lejeune a requis une amende maximale, 30.000 euros, écartant la peine d’emprisonnement vu le délai qui s’est écoulé depuis les faits ; elle réclame aussi la publication du jugement non pas dans 2 journaux belges mais bien 4, ainsi que dans deux quotidiens d’Outre-Quiévrain. « Il a déjà été condamné en France, ça ne lui a pas servi de leçon, que la Belgique lui montre que ça ne doit pas passer chez nous ! », s’est-elle insurgée.
« Obligé » de faire des spectacles
À la défense du polémiste, Mes Laquay et Courtoy ont parlé d’un show sous forme de « saynètes » au travers de « personnages » qui n’incarneraient donc pas la pensée de leur client. Leur client qui, au final, « dit qu’il fait s’aimer les uns les autres », ont-ils rappelé (ce à quoi les parties civiles ont ajouté qu’après cette déclaration, il diffusait la chanson « Shoah Nana »). Parlant de « dictature de la pensée », de « véritable Inquisition », les avocats du polémiste ont souligné qu’on « essaye d’attaquer leur client au portefeuille » alors que la presse a déjà fait grand écho de cette affaire. « Ici, on veut le ruiner… Dieudonné a décidé de se retirer au Cameroun dans 6 mois, mais avec de telles sanctions financières, les associations parties civiles vont l’obliger à continuer à travailler et à faire d’autres spectacles », ont-ils ajouté.
L’arrêt sera prononcé le 20 janvier.