L’an mil trois cens six, en cel an
Furent les juifs pris à pan :
De ce ne fas-je mie doute,
Faus Juis qui ne voient goute
En nostre loi chretiennée
Furent pris, à une jornée,
Droit le jor de la Magdelaine
Mainte grant prison en fu plaine.Je dis seignors, comment qu’il aille,
Que l’intencion en fu bonne,
Mès pire en es mainte personne
Qui devenu est usurier,
Et en sera ça en arrièr
Trop plus assez qu’estre ne sceut
Dont tout povre gent se deut ;
Car Juifs furent débonnères
Trop plus en fesant telz affaires
Que ne furent ore chrestien.(Extrait de la Chronique rimée de Geoffroi de Paris, pour l’année 1306)
Il y a de cela 715 années, le 21 juillet 1306, le roi Philippe le Bel fit expulser les juifs du royaume de France.
Quand on cherche un peu les raisons de cette expulsion, on ne trouve guère que des motifs pécuniaires, afin de renflouer les caisses du royaume, puisque cette mesure était accompagnée d’une confiscation des biens. Un calcul de court terme, puisque la communauté juive payait l’impôt et rapportait chaque année une somme dont il aurait été idiot de se priver, si l’argent avait été la seule motivation du roi.
Geoffroi de Paris nous explique pourtant que les usuriers expulsés ont été remplacés par d’autres, qui firent regretter les précédents. Pourquoi cette précision de la part du chroniqueur si l’usure avait été le motif ou au moins l’un des motifs du sort réservé aux juifs ? D’autant que les expulsions pour ce motif n’étaient pas chose rare : Philippe le Bel n’avait-il pas fait arrêter tous les marchands et prêteurs italiens ? L’histoire a ses interdits.
Pour un récit de l’événement ayant obtenu le tampon de la bien-pensance (qui ne manquera jamais de mal penser le Moyen Âge), on pourra écouter la vidéo suivante. Pour savoir si l’argumentaire convainc toujours, on se reportera avec plaisir aux commentaires sous la vidéo YouTube.