Pour mesurer le chemin parcouru par la classe politico-médiatique française en 40 ans, voici un extrait du discours de Jacques Chirac, maire de Paris et ex-Premier ministre de Giscard, lors de la campagne des élections européennes de 1979.
Les accents sont aussi europhobes que sensés : on y retrouve la patte du duo Garaud-Juillet, ou Garaud-Pasqua. Deux décennies plus tard, le duo Pasqua-de Villiers fera un carton aux élections européennes (qui détrôneront un jour les élections françaises, vous pouvez en être sûrs) du 13 juin 1999.
La liste RPF-MPF (rassemblement pour la France de Pasqua et Mouvement pour la France de Villiers) passera même devant la liste RPR-DL (Démocratie libérale) du duo Sarkozy-Madelin, 13 contre 12%. Faisant ainsi éclater le RPR, ce descendant de plus en plus éloigné du parti gaulliste, en deux tendances irréconciliables : une libérale et une nationale.
Deux décennies plus tard encore, c’est le FN qui incarnera la résistance du souverainisme français à l’Europe des lobbies de Bruxelles. Le discours de Chirac en 1979 aurait pu être tenu par Marine Le Pen en avril 2017.
La position par rapport à l’Europe, et donc à l’euro, Florian Philippot l’a bien compris, est la ligne de fracture absolue entre les pro et les anti-France. Sur ce sujet fondamental les masques tombent : personne ne peut tricher, ou pas longtemps. Si l’on est pour l’UE, on est contre la France, et inversement.
On aura compris tout le travail de dégaullisation de la droite nationale et sociale par la paire Balladur-Sarkozy, sous l’égide des grandes banques d’affaires et du grand capital, pour en faire une droite libérale et antisociale, dont on voit le résultat aujourd’hui.
Les souverainistes du RPR seront doucement poussés vers la sortie, ou vers le FN, ce parti interdit de médias et de considération. L’opération aura mis 40 ans à se faire mais aura été un succès pour l’oligarchie : en 2018, seul Philippot s’oppose réellement à la domination de l’UE sur la France.
Pour l’instant, Les Patriotes, qui ont quitté le FN après la défaite en finale du 7 mai 2017, ne représentent que 1% de l’électorat. C’est dire la puissance du Système contre sa véritable opposition. Seule une prise de conscience massive aura raison de cette altération de la France et pourra lui rendre sa mission éternelle.
Le 10 juin 1979, Chirac et son RPR finiront à la 4e place avec 16% des voix, derrière la « coalition » européiste formée par le centre (26%), incarné par Simone Veil – qui finira présidente du Parlement eruopéen – et le PS de François Mitterrand avec 23% des voix. En 3e position, le PC de Georges Marchais, lui aussi anti-Europe... des marchés, avec 20% des voix.
Déjà, la démarcation simple droite/gauche ne recouvrait plus la réalité du paysage politique français : les pro-Europe faisant 60%, les anti 40. Une proportion qui s’inversera lentement sur 40 ans (avec le pic anti-Constitution du 29 mai 2005), et qui a failli pencher lors de la dernière élection présidentielle du côté souverainiste.
Hélas, les souverainistes de gauche ont refusé la main tendue des souverainistes de droite. Car Mélenchon n’est pas vraiment anti-européen. Il joue donc pour le Système et continue à tromper ses troupes, qui forment le contingent de gauche des perdants de l’européisme.
Voyons ce que le pouvoir profond et ses laquais vont inventer pour essayer d’inverser une tendance inéluctable, puisque le pouvoir libéral – actuellement sans opposition ni limites – ne peut que produire de la résistance souverainiste. Encore un peu de souffrance pour un peuple français hypnotisé, et on y arrivera !