Il est des attentes plus insoutenables que d’autres. Celle des victimes collatérales du 11 septembre 2001 en fait assurément partie. Presque dix-huit ans après les pires attaques terroristes de l’histoire des États-Unis, les élus américains n’ont toujours pas résolu définitivement le dossier de la prise en charge et de l’indemnisation de ces personnes et de leurs familles. Une apathie qui affecte en particulier les pompiers, policiers, secouristes et volontaires tombés malades après avoir participé aux opérations de recherche et de déblaiement dans le sud de Manhattan.
Exposés pendant des semaines voire des mois aux fumées et aux poussières toxiques s’échappant des décombres de Ground Zero, où le dernier incendie avait mis quatre-vingt-dix-neuf jours à s’éteindre, des milliers de personnes ont développé par la suite des pathologies plus ou moins graves.
Selon le dernier décompte du World Trade Center Health Program, programme public créé en 2011 pour fournir des soins médicaux aux personnes intervenues sur le site des attentats (les « Responders ») et aux résidents tombés malades (les « Survivors »), le programme comptait fin mars plus de 95 000 membres. Parmi eux, 2 355 sont morts et près de 12 000 souffrent d’un cancer.
Soins médicaux garantis…
Dans quelques années, le nombre de décès dus aux émanations toxiques dépassera le bilan humain des attaques elles-mêmes, qui avaient fait près de 3 000 morts. C’est déjà le cas au sein de la police new-yorkaise : en 2017 seulement, 23 agents ou retraités du NYPD ont succombé à une maladie liée au 11 Septembre, autant que le nombre de policiers tués le jour des attentats. Chez les pompiers de New York (FDNY), 343 sont morts le 11 septembre 2001, la plupart dans l’effondrement des tours jumelles.
Depuis, entre 180 et 220 décès supplémentaires, selon les sources, ont été comptabilisés. Dont celui, emblématique, de l’ancien chef du FDNY Ronald Spadafora, chargé pendant neuf mois de superviser la sécurité des travailleurs sur le site de Ground Zero, et mort l’an dernier à 63 ans d’un cancer du sang.
Très vite après les attentats, un fonds d’indemnisation des victimes (Victim Compensation Fund, VCF) a été créé. De 2001 à 2004, il a servi à verser des indemnités aux proches des personnes décédées et aux blessés des attentats. En 2011, après des débats acharnés au Congrès, la loi Zadroga (du nom d’un pompier mort en 2006 d’une maladie respiratoire) a été adoptée. Elle a permis la prise en charge des soins médicaux par le gouvernement fédéral, via le World Trade Center Health Program. Et elle a réactivé le VCF et élargi son périmètre, afin d’indemniser également les malades et leurs familles.
… indemnisations en péril
Adoptée pour une durée initiale de cinq ans, la loi Zadroga a été renouvelée en 2015 avec la garantie d’une prise en charge médicale jusqu’en 2090. Si l’enjeu des frais médicaux – majeur aux États-Unis – a été définitivement réglé à ce moment-là, ce n’est pas le cas de l’indemnisation. Le mandat du VCF doit expirer en 2020 et sur les 7,3 milliards de dollars alloués en 2015, près de 5 milliards ont déjà été versés à plus de 21 000 bénéficiaires. Au moins 19 000 demandes d’indemnisation n’ont pas encore été traitées.
Face au tarissement des fonds, la responsable du VCF a annoncé mi-février une réduction drastique des indemnisations, de 50% pour les demandes en attente et de 70% pour les demandes futures. Cette annonce a suscité colère et inquiétude chez les familles, les associations de victimes et les syndicats de pompiers et policiers.
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Un sujet de la chaîne LCP datant du 11 septembre 2008 sur les conséquences sanitaires de l’attentat :