En 1972, Francis Ford Coppola réalisait Le Parrain, l’un des plus grands chefs-d’œuvres de l’histoire du cinéma. Alors qu’HBO prépare actuellement un film sur les coulisses du tournage, Vanity Fair vous dévoile en avant-première les secrets enfouis de ce classique du genre.
Ni « Mafia » ni « Cosa Nostra »
Si Le Parrain a reçu l’Oscar du Meilleur film en 1973, le chef-d’œuvre de Francis Ford Coppola a connu des débuts pour le moins houleux. Adapté du best-seller de Mario Puzo, le film sur la mafia new-yorkaise s’est attiré les foudres de la ligue italo-américaine des droits civils et de plusieurs personnalités politiques. Soumise de toutes parts aux pressions, menaces terroristes et autres tentatives d’intimidation, l’équipe de tournage se heurte à la vindicte de ceux qui ont inspiré ses propres protagonistes. À tel point que les producteurs du long-métrage décident de négocier directement avec les gangsters, avant de trouver un terrain d’entente. Francis Ford Coppola et Mario Puzo décident alors de montrer patte blanche et de rayer les mots « mafia » et « cosa nostra » du scénario. Ils l’auront échappé belle.
Coppola, le second choix des producteurs
Privé de Francis Ford Coppola, Le Parrain aurait-il eu le même rayonnement ? Ce classique du genre aurait en tout cas perdu (beaucoup) de son charme. En effet, le réalisateur de Dracula (1992) n’était pas le premier choix de la production, qui souhaitait confier le tournage à Sergio Leone (Le Bon, la Brute et le Truand). Ce dernier déclinera la proposition, préférant tourner son propre film de gangsters – le célèbre Il était une fois en Amérique – dix ans plus tard. Arthur Penn (Little Big Man), Peter Yates (Bullitt) et Costa-Gavras (L’aveu) ont également failli s’emparer du trône de Francis Ford Coppola. Le cinéaste, revenu de loin, a pourtant manqué plus d’une fois de rendre sa casquette. Sur le tournage, les pressions politiques constantes s’ajoutent à l’appétit insatiable des tabloïds, qui font des gorges chaudes de ses problèmes de couple, révélant sa liaison avec son assistante de production, Melissa Mathison. Celle-ci épousera par la suite un certain… Harrison Ford. La vie de réalisateur est décidément loin d’être une sinécure.
Jack Nicholson a failli incarner Michael Corleone
En 1972, les candidats se bousculent au portillon dans l’espoir d’obtenir le rôle (très) convoité de Michael Corleone. Si les scénaristes ont d’abord songé à Warren Beatty, Jack Nicholson, Dustin Hoffman ou encore Robert Redford pour incarner le fils de Don Corleone, leur choix se porte finalement sur un acteur de théâtre jusqu’alors inconnu : Al Pacino. Le film signera la consécration du comédien – à l’image d’un certain Robert De Niro, porté au sommet par Taxi Driver. Pour autant, quelques infortunés ont manqué de peu l’occasion de jouer dans le célèbre long-métrage. Avant que Robert Duvall fût engagé, les réalisateurs ont ainsi envisagé de faire appel à Paul Newman, ou encore Steve McQueen, pour incarner Tom Hagen. De son côté, Otto Preminger, pressenti pour être scénariste, voulait confier le rôle du Parrain à Frank Sinatra – avec qui il a tourné L’Homme au bras d’or. Ironie du sort, ce rôle devait revenir à Marlon Brando… qui sera oscarisé pour le rôle de Don Vito Corleone.
La poule aux œufs d’or
Francis Ford Coppola est un peu le « Rainman » du cinéma américain – comprenez, celui sur qui personne n’aurait parié avant qu’il rafle la mise de manière spectaculaire. « Il faut à un moment ou un autre se suicider, ressusciter avec de nouveaux yeux », expliquait le réalisateur en 2012, dans les colonnes du Monde. Une prise de risque réussie, puisque Le Parrain, son neuvième long-métrage, est devenu le premier film de l’Histoire à dépasser la barre des 100 millions de dollars (93 millions d’euros) de recette. Le drame américain, dont le budget initial n’excédait pas 7 millions de dollars, en a rapporté pas moins de 269 millions après sa sortie en salles. Cette jolie enveloppe permettra aux producteurs de faire de plus amples folies, quitte à doubler le budget pour tourner la suite du long-métrage. À la clé, un tournage de longue-haleine entre l’Europe, la République Dominicaine et les États-Unis, qui durera plus de 104 jours. Pas de repos pour les braves.
Robert De Niro frôle l’erreur de casting
Séduit par le jeu de Marlon Brando, Francis Ford Coppola désirait que son acteur fétiche soit rajeuni pour les besoins du Parrain 2 (1975). Finalement, l’interprète de Vito Corleone ne jouera pas les Benjamin Button, et la version jeune de son personnage sera incarnée par Robert de Niro. Un véritable retournement de situation pour l’acteur de Mean Streets, qui convoitait initialement le rôle de Sonny Corleone (finalement confié à James Caan). La rumeur veut même que Robert De Niro soit la principale raison pour laquelle Francis Ford Coppola souhaitait réaliser cette suite. Le Parrain 2 vaudra au comédien l’Oscar du Meilleur film, et signera un pacte intemporel entre ce dernier et les films de gangsters. De son rôle mythique dans Il était une fois en Amérique aux Affranchis, l’acteur échappera ainsi, pour toujours, au Mafia blues.