Il y a des batailles qui changent le cours de la guerre, et le cours de l’Histoire. De mémoire vive, Aboukir en 1798, qui donne les océans à l’Angleterre après la victoire de la Fleet de Nelson sur la flotte française de Napoléon ; Stalingrad en 1942, qui n’était pourtant pas stratégique pour Hitler, et qui sera le tombeau d’un sixième de son armée. Et il y a Midway. La confrontation entre l’Amérique et le Japon entre 1941 et 1945 a été moins médiatisée chez nous, théâtre européen oblige. Mais pour les Américains, la WW2, la Seconde Guerre mondiale, c’est Midway 42 et Normandy 44.
Notre titre originel « 14 mai 1942 : des musiciens américains cassent le code japonais » était quelque peu exagéré : dans les équipes qui ont participé au pétage du code nippon, il n’y avait pas que des musiciens, il y avait des professionnels du chiffre, des mathématiciens, comme dans tout département de décryptage ou de contre-espionnage qui se respecte. Et pas que des Américains. Les musiciens ont été amenés par Joseph Rochefort, un officier de la Navy en charge de la cryptanalyse dans la guerre du Pacifique, pour trouver une logique autre que mathématique dans les lignes de codes japonaises. Il ne suffit pas d’intercepter des messages, qui tombent par milliers chaque jour sur les bureaux et les téléscripteurs : il faut les comprendre, les compiler, les associer, les croiser, trouver du sens. Un boulot de fou qui demande de la dextérité, de l’imagination, et une connaissance profonde de l’ennemi. Ce sera le cas de Layton, un officier du renseignement proche de Rochefort, qui parle japonais et rencontrera l’amiral Yamamoto plusieurs fois à Tokyo avant le conflit.
« Il y avait une personne — une personne très spéciale — qui ne servait pas dans le “Donjon” avec nous, mais qui mérite une très grande place dans la liste des cinq étendue à six. Il a eu la chance de travailler au-dessus du niveau du sol, respirant l’air frais d’Hawaï. C’était une sorte de dynamo humaine, forte, pensant vite, agissant rapidement, intuitive, rapide à comprendre, et extrêmement agressive. » (Description de Layton dans Wikpédia)
Tout ceci est connu des spécialistes et des amateurs éclairés, qui vont sûrement nous en mettre plein la soute en commentaires, mais on ne peut pas tout savoir, ni, surtout, recopier Wikipédia, cette paresse du chercheur. Nous voulions revenir sur le moment du basculement car malgré la connaissance quasi parfaite du jour et de l’heure, les Américains n’avaient théoriquement pas la partie gagnée : la flotte jap est à l’époque largement supérieure à la flotte US, le nombre de porte-avions – les carriers – en témoigne : quatre – Kaga, Sōryū, Akagi, Hiryū – contre un – le Yorktown – sur le champ de bataille, qui fait la taille d’un quart de la France.
La connaissance du jour et de l’heure, capitale, permettra aux marins et aviateurs de l’amiral Nimitz de préparer un piège à l’amiral Nagumo, le chef de la Marine impériale, qui pensait écraser la puissance maritime américaine en un seul coup. Le coup fatal ne sera pas porté, ce sont les Américains, après un chassé-croisé de chasseurs, qui couleront trois des quatre porte-avions, après avoir pourtant perdu presque toute leur chasse. C’est seulement la dernière escadrille de bombardiers, partie dans un raid hautement risqué à la poursuite du gros de la flotte ennemie, qui réussira à bombarder les ponts marqués d’un joli cercle rouge, comme le drapeau national japonais.
Pour une raison technique, les trois bâtiments ont explosé, les chasseurs étant partis... à la chasse au Yorktown pendant que le système d’armes était changé à bord, avec tout le matos en surface, bidons d’essence, torpilles et bombes offertes. Le feu d’artifice sera immense, les porte-avions n’étaient plus défendus que par la DCA, le talent en piqué des pilotes US menés par le héros McClusky fera le reste. En moins de six minutes, les navires amiraux de la flotte impériale sont en feu, la victoire et la domination sur le Pacifique viennent de changer de camp.
Pour les amateurs, il reste plusieurs films sur la bataille de Midway, et le dernier en date, de l’Allemand américanisé Roland Emmerich, une fois débarrassé de ses oripeaux hollywoodiens obligatoires, tient solidement la route. Comme on n’a pas le droit de vous passer le film du roi du blockbuster, voici un documentaire avec les images d’archives.
Pour la petite histoire (complotiste), Layton avait compris dès 1941 que Pearl Harbour serait attaqué, mais la hiérarchie militaire et politique, pourtant au courant de câbles qui ne laissaient aucun doute sur l’agressivité nippone, n’a pas réagi...
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