Début mars, Yannick Noah a fait un comeback remarqué avec le titre Ma colère, premier extrait de son nouvel album Combats ordinaires (2 juin), dont les mots s’adressaient directement aux têtes du Front National. Un véritable slogan mettant en garde contre la montée de l’extrémisme à quelques jours des élections municipales, et auquel Marine Le Pen a répondu avec ironie. Le chanteur enfonce le clou cette semaine dans les colonnes du Parisien Magazine.
Dans une interview accordée à nos confrères, l’artiste revient sur cette confrontation avec la présidente du Front National et sur le buzz provoqué par sa chanson. « Chanter "Ma colère elle n’a pas de Front / Elle n’est pas nationale...", c’était le bon moment. J’en suis fier » explique-t-il, avant d’évoquer ses craintes face à la progression du parti d’extrême droite, donné vainqueur des élections européennes qui se tiendront dimanche prochain. « Aujourd’hui, il y a beaucoup de racistes en France. Ils sont nombreux, très nombreux... Ça a le mérite d’être clair » lâche le chanteur, avant de tacler Marine Le Pen et de s’attaquer à ses militants : « Jusqu’à présent, ces gens n’ont pas encore eu de responsabilités. Ou, en tout cas, quand ils en ont eues, ça a été une catastrophe. Si Marine Le Pen existe aujourd’hui, c’est qu’il y a plein de gens qui sont enragés au point de penser qu’elle dit des choses vraies. Il y a du racisme partout ».
"Si tu n’aime pas la Marseillaise, tu as le droit de ne pas la chanter"
Du racisme, le chanteur ardennais dit en avoir souffert dès l’adolescence. « Quand je suis arrivé en pension, à Nice, à l’âge de 12 ans, on m’appelait "Bamboula" » révèle l’artiste au Parisien, estimant pourtant que le « métissage » est sa « richesse ». Des exemples comme celui-là, Yannick Noah dit en avoir « plein ». Il se rappelle notamment de l’époque où il jouait au tennis en Afrique du Sud, pendant l’apartheid. « Quand je suis arrivé à l’aéroport, au moment de passer la douane, je me suis retrouvé dans une autre file d’attente que mes camarades, celle réservée aux Noirs. Je n’ai pas eu la même chambre ; on me surveillait jour et nuit ; on me faisait jouer à une heure où on était sûr qu’il n’y avait personne ». Se disant néanmoins optimiste pour l’avenir, le chanteur se présente en « porte-parole », fort du million de spectateurs l’ayant applaudi lors de sa dernière tournée.
Patriote, Yannick Noah l’est peut-être tout autant que Marine Le Pen. Mais sa vision du patriotisme n’est sans doute pas la même. Interrogé sur l’importance de chanter ou non l’hymne nationale lors des rassemblements publics, sans doute en référence aux critiques qui ont visé la ministre de la justice Christiane Taubira, Yannick Noah avoue que « les plus belles Marseillaise » sont celles qu’il a « intériorisées » : « Si tu ne l’aimes pas, tu as le droit de ne pas la chanter. Aujourd’hui, on te dit avec qui il faut rigoler, pour qui il faut pleurer. Y en a marre ! ».
"Je n’ai jamais cherché à échapper aux impôts"
Droit dans ses bottes, le chanteur de Ose profite de cette entrevue pour s’exprimer au sujet des accusations d’exil fiscal qui l’ont « meurtri ». « C’est une injustice. Je n’ai jamais menti. Je n’ai jamais cherché à échapper aux impôts. On m’a craché dessus. On m’a sali » déplore l’artiste, tout en cherchant à rétablir la vérité : « J’ai formé un recours devant le conseil d’État. Ma requête a été acceptée il y a quelques semaines mais personne n’en a parlé ». Yannick Noah dit n’avoir « aucun désir de revanche » pour autant.