Dans le numéro 2175 du magazine Le Point, l’ex-Président Nicolas Sarkozy vient de faire paraître un long article sur l’Europe, qui complète et répond à la tribune que le Président François Hollande avait fait paraître dans le journal Le Monde. Cette tribune, après un plaidoyer pro domo sur l’identité française (mais qui doute donc de celle de M. Sarkozy ?), s’articule autour de 5 points.
Le premier est l’affirmation que « l’Europe, c’est la paix ». On retrouvait la même affirmation dans l’article de François Hollande. Il est indiscutable que l’Europe occidentale a connu la paix depuis 1945. Ce ne fut pas le cas dans les Balkans, qui font partie de l’Europe, et qui ont été déchirés par des guerres pendant une dizaine d’année.
Mais c’est aussi le cas de l’Amérique du Sud où les trois grands pays du Continent, l’Argentine, le Brésil et le Chili, sont en paix depuis longtemps. À tout prendre, il y eut moins de conflits en Amérique Latine qu’en Europe au XXème siècle, même s’il y en eut, connus ou pas. Cette situation particulière de l’Europe occidentale, on la doit à la coupure de l’Europe en deux blocs qui résulta de la seconde Guerre mondiale, puis à l’accession de la France au statut de puissance nucléaire qui gela définitivement toute possibilité de guerre en Europe occidentale.
Par contre, l’Union européenne a eu un effet destructeur sur les pays à sa périphérie, ce que l’on a constaté dans les années 1990 avec l’ex-Yougoslavie, et aujourd’hui en Ukraine. Il est donc faux et mensonger de prétendre que seule l’Union européenne garantirait la paix, et cette paix existe sur des continents où il n’y a pas de grand projet d’Union.
Cette affirmation est cependant courante chez les européistes. Elle sert d’argument d’autorité. Il est particulièrement grave qu’un ancien Président la reprenne et néglige de signaler le rôle éminent que joua, et que continu de jouer, la dissuasion nucléaire française dans l’équilibre européen, dissuasion dont il eut pourtant la responsabilité. Cela discrédite en partie son argumentaire.