Russie et Europe sont irréconciliables dans la mesure où, comme l’expose justement Constantin Léontiev dans son "Rossia i Evropa" (La Russie et l’Europe), l’Europe est, depuis la dynastie carolingienne, un empire usurpateur de l’empire universel qu’était l’empire romain puis byzantin. L’usurpateur agirait, selon lui en irrédentiste. Le baptistère Saint Jean à Poitiers représente en fresque l’allégeance du consul de Byzance au Basileus. La mise en place de la dynastie carolingienne est une usurpation des mérovingiens, intégrés à l’oecuméné byzantine. En 803, Charlemagne demanda au Pape Léon III de célébrer la liturgie avec le Filioque, et Léon III répondit en apposant à l’entrée de Saint Pierre de Rome deux plaques avec le Credo sans Filioque en Latin et en Grec. Les livres carolins ne retinrent pas au IXè siècle le dogme de vénération des icônes proclamé à Byzance, après les bouleversements de la crise iconoclaste, mais retinrent l’usage des images, à vocation seulement pédagogique. Le clivage eut lieu bien avant l’échange des anathèmes au XIè siècle, à une époque où l’église latine réforma le dogme de la rédemption en lui donnant l’acception de la justification et des mérites, substituant la vengeance à la charité. Il y eut ensuite l’innovation dogmatique du dogme de l’immaculée conception contre laquelle Saint Bernard de Clairvaux s’élevait à son époque médiévale des croisades. Un saint résume la situation dans l’apologétique chrétienne orthodoxe, c’est Saint Antoine le Romain de Novgorod, qui dans son ascèse érémitique, fut, à la fin du XIè siècle, miraculeusement enlevé du rivage adriatique où il priait sur une pierre pour arriver à Novgorod avec les calices latins utilisés par sa famille à Rome. La pierre est encore à Novgorod. Saint Antoine le Romain de Novgorod y fut contemporain de saint Nikita. L’essor et l’élan vers le désert du monachisme occidental au XIIè eut lieu. Filioque, inceste au sein de la Trinité ; iconoclasme du refus de la grâce au sein de la matière de fait sous des apparences pédagogiques, rédemption de la vengeance du Père de l’offense extraordinaire faite à Dieu par la chute d’Adam contre la charité divine faite aux hommes par le retour de la grâce issu des souffrances du Christ dans Son humanité, la Théotokos privée des fruits de son exploit humain dans l’immaculée conception qui fait en 1870 d’elle une monade spécifique.
Refuser une tradition bi-millénaire a conduit à fonder un mythe irrédentiste millénaire.
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