L’abstention de 39 députés, dont deux anciens ministres, sur le vote du projet de budget 2015 concentre la fureur des hiérarques du parti dit socialiste. Le Foll, qui pour une fois mériterait que l’on enlève un « l » à son nom, va même jusqu’à demander à Benoît Hamon de « quitter le parti ». Cette hystérie est très révélatrice de l’impasse dans lequel se trouve le Président de la République, dont Le Foll est un proche, et plus généralement de l’impasse de sa politique.
Un vote et ses conséquences
Reprenons les faits ; des députés du P « S » se sont abstenus sur le vote du projet de Budget. Le fait est grave mais il était inévitable depuis que François Hollande avait nommé Manuel Valls comme Premier Ministre. J’ai analysé dans ce carnet les conséquences calamiteuses de ce choix, qui fut renouvelé lors du gouvernement Valls-2.
On connaît la citation : « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes ». Elle s’applique parfaitement aux lamentations de Cambadélis et Le Foll. Mais elle pourrait aussi s’appliquer à l’ensemble du discours tenu par les tenants du gouvernement. Que reproche-t-on aux « frondeurs » ? D’avoir brisé le tabou d’un P « S » unifié. Mais tout le monde savait depuis maintenant des lustres que ce parti était divisé en plusieurs lignes, mais aussi en clans qu’opposent de sourdes haines recuites depuis des années.
Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est la décision de François Hollande de nommer au gouvernement un homme ultra-minoritaire dans son propre parti. Ce geste ne pouvait QUE provoquer la situation actuelle. On ne peut pas mettre le feu dans sa propre maison et s’étonner des remontrances de certains membres de sa famille. De fait, les déclarations de Cambadélis et Le Foll sont largement convenues. En fait, ce que veulent les tenants du gouvernement, c’est un parti aux ordres. Les vexations mesquines dont ils ont accablés les « frondeurs » le démontrent. Elles n’ont eu aucun effet, ce qui était prévisible. Et il est tout aussi prévisible que le nombre de « frondeurs » va s’accroître avec le temps, jusqu’à menacer la majorité du gouvernement. C’est pour cela que j’ai écrit, et que je maintiens, qu’une dissolution sera probablement nécessaire à la sortie de cet hiver.