La dernière note de conjoncture de l’INSEE insiste sur l’atonie de la croissance en France. C’est un constat, et il n’est pas discutable.
Cette atonie peut être liée à des politiques dites « d’austérité » qui ont été mises en place depuis 2010. Mais, sur ce point, le débat est beaucoup plus important. Certains, et non des moindres, contestent même le qualificatif « d’austérité » au prétexte que les déficits publiques continueraient de croître.
Ce point est indiscutable. Mais peut-on en inférer une absence de l’austérité ? Car, si les déficits se maintiennent et s’amplifient, ils n’ont pas eu toujours le même sens, et ils ne reflètent pas les mêmes politiques. En fait, cette question pose le problème de savoir à quoi sert la croissance à un moment donné. On propose alors de distinguer les situations suivantes dans l’économie :
Une situation d’expansion de la consommation, qui se traduirait par le fait que celle-ci croîtrait plus vite que le PIB, auquel cas on pourrait dire que « le pays vit au-dessus de ses moyens ».
- Une situation ou l’investissement croît plus vite que le PIB (qu’il s’agisse de l’investissement des ménages, c’est à dire le logement, de celui des entreprises non-financières ou des administrations publiques). Dans ce cas on peut parler de « surchauffe » de l’économie, ce qui peut être plus ou moins justifié (par exemple dans le cas ou l’investissement a été très faible dans les années précédentes, ou si existent des besoins collectifs impliquant un fort effort d’investissement des administrations publiques).
- Une situation ou le PIB s’accroît plus vite que la consommation et l’investissement, ce qui correspond à la définition rigoureuse d’une politique d’austérité.
- On applique cette méthodologie dans le cas de la France tout d’abord aux statistiques de ces trente dernières années (1984-2014), puis on regarde plus particulièrement l’évolution depuis la crise de 2008 (crise financière internationale dite « des subprimes »).