Le Canada aurait-il besoin d’une agence d’espions comme la CIA ? Le chien de garde qui veille sur le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) estime qu’il est temps de se demander si le Canada devrait pouvoir compter sur une véritable agence d’espionnage à l’international.
Dans son rapport annuel, le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSARS) fait état d’un développement inquiétant des services de renseignement du SCRS.
Celui-ci a le mandat de parcourir le monde afin de recueillir des informations sur des complots terroristes pouvant mettre en péril la sécurité du Canada.
Par contre, le SRCS peut seulement dénicher ses renseignements touchant l’étranger - par exemple, des détails concernant les visées diplomatiques d’un autre État - à l’intérieur de la frontière canadienne.
Selon le CSARS, ces deux rôles distincts se recoupent de plus en plus fréquemment en raison des demandes croissantes émanant du gouvernement fédéral.
Et cela soulève de nouvelles préoccupations.
« Si les choses continuent ainsi, le SCRS est appelé à devenir une organisation que le Parlement n’a jamais souhaité ; une organisation dont le mandat est le même à l’étranger et au pays », stipule le rapport du CSARS.
Cela irait à l’encontre des pratiques de longue date d’alliés respectés comme les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui ont confié le mandat d’espionnage international à des agences distinctes - la CIA et le MI6, respectivement.
« Cela soulève des questions, à savoir s’il devrait y avoir un service de renseignements extérieurs au Canada, ce qui correspondrait à la vision qui prévalait auparavant, qui établissait une nette distinction entre renseignement de sécurité et renseignement étranger », peut-on lire dans le rapport du CSARS.
Le CSARS, qui rend compte de ses activités au Parlement, soutient que le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a été informé de la chose par l’entremise d’un rapport confidentiel.
Il souhaite par ailleurs le déclenchement d’un débat public afin de savoir, dans un premier temps, ce que les Canadiens attendent de leurs services de renseignement, mais aussi d’informer ceux-ci des « risques et des avantages réels » de ces opérations.
Le comité souhaite également se pencher sur le rôle qui devrait être dévolu au SCRS en ce qui concerne les services de renseignement à l’étranger et les opérations se déroulant à l’extérieur du pays.
Le gouvernement conservateur a déposé le rapport tellement tard au Parlement, lundi soir, que le président du CSARS, Arthur Porter, a dû annuler une entrevue où il devait faire état des conclusions du rapport.
Le bureau du ministre Toews a indiqué qu’il se pencherait sur les recommandations du rapport. Quant au SCRS, il n’a pas formulé de commentaires dans l’immédiat.
Au cours des dernières années, la présence du Canada en Afghanistan a amené le SCRS à se tourner plus fréquemment vers l’étranger. Le SCRS fournit notamment une assistance aux troupes basées en sol afghan, suggérant même que des élus canadiens pourraient être sous l’influence de puissances étrangères.