Le gaucho-libéralisme en éducation a des effets inattendus. La conjonction de l’enfant-roi, de l’effondrement de l’autorité scolaire (l’Enfant « au centre » à la place du Savoir ou du Maître), et de la dilution de l’autorité familiale (autorité associée au fascisme, démission du père, célibat féministe), a brouillé les frontières entre les niveaux d’intelligence, pardon, de cognition, des enfants.
Si les médias focalisent sur les surdoués ou précoces, ces sujets gratifiants et vendeurs, derrière s’agite toute une armée d’inadaptés, lents, déficients, débiles, anormaux, arriérés, dégénérés, retardés, crétins, passifs, autistes, idiots, imbéciles, handicapés… les qualificatifs variant au cours des âges et des connaissances, neurologiques ou comportementales. L’idiotie scolaire, ou comment fabriquer un tabou médiatique.
La pénurie de pédopsychiatres (il en faudrait trois fois plus, et on n’en prend pas le chemin, vu la faible rémunération, les pressions familiales, et la chute des vocations) et les difficultés pratiques (trois mois d’attente pour un rendez-vous, enfants de plus en plus déstructurés issus de familles en crise) ont aggravé la détection et la prise en charge des enfants dits différents. Nous parlons ici des handicaps pas toujours évidents à déterminer, légers sur l’échelle d’arriération ou des troubles mentaux, mais néanmoins réels.
Plus la prise en charge sera précoce, plus la médecine pourra réparer une partie du handicap, ou en limiter les dégâts : sentiment d’échec scolaire et relationnel, perte de confiance, repli sur soi, agressivité, dépression. Et plus les parents pourront trouver des écoles adaptées. Sans oublier qu’un enfant retardé à l’école peut « s’ouvrir » au collège ou au lycée (l’adolescence avec sa floraison de centres d’intérêt dilue ou soulage certaines pathologies légères), et mener une vie normale à l’âge adulte, trouvant métier à son pied et ne souffrant plus d’un syndrome d’échec.
Seules les pédagogies « non concurrentielles » du type Freinet, Steiner ou Montessori prévoient dans leurs principes de réduire ce syndrome, qui fait si mal à l’école française classique. La production d’une infime élite de « gagnants », destinés aux grandes écoles, se faisant au détriment d’une écrasante majorité de « perdants », l’indifférenciation égalitariste ne tenant que le temps d’arriver aux choses sérieuses : la vraie sélection.
« Il faut évacuer le syndrome de l’échec et instaurer des contrôles rigoureux. Celui qui ne sait pas lire ne doit pas pouvoir accéder au collège, quelle que soit son origine sociale ! Lorsqu’on parle d’examen rigoureux, on nous rétorque : "Que va-t-on faire de ceux qui échouent ?" J’ai répondu pendant des années : "Que fait-on de ceux qui ne savent pas nager ? Les jette-t-on dans le grand bain ?" » (Claude Allègre, Le Point.fr du 14 février 2011).
Au niveau de l’école élémentaire et du collège, la détection et le soutien psychologiques sont dans un tel état qu’on préfère ne pas les enfoncer. Par exemple, un enfant maltraité a peu de chances d’être signalé, et quand il l’est, d’être protégé. La chaîne de détection/prise en charge, faute d’effectifs et d’autorité légale, ne fonctionne pas, des faits divers plus ou moins atroces le prouvent régulièrement. Si les enfants hyperactifs (l’information à ce sujet commence à bien diffuser), autistes, ou atteints des pathologies dites du groupe des anormaux médicaux, soit les retardés de naissance, sont faciles à reconnaître, il en est qui peuvent échapper à une observation superficielle.
Inutile d’habiller de mots savants cette dérangeante vérité : les enfants idiots, imbéciles, arriérés existent, et existeront toujours. Mais ces qualificatifs sont depuis longtemps bannis. Le corps médical - et on ne peut lui en vouloir - ne veut plus effrayer les parents, qui viennent plus souvent chercher un réconfort qu’une vérité douloureuse. Ainsi, il n’est pas rare de voir une maman amener au psychologue ou au pédopsychiatre son enfant chéri, qu’elle croit surdoué (la définition est suffisamment vague pour y accueillir pas mal de déviants), alors qu’il est de toute évidence arriéré. Le retour sur terre serait trop violent. On lui sert alors du « trouble spécifique d’apprentissage », du « dysfonctionnement du processus cognitif », plutôt que de l’« arriération ». L’avantage du « trouble » c’est qu’on peut l’éclaircir, comme un jus de pomme un peu trop secoué, quand le « dysfonctionnement », lui, n’évoque qu’un bug dans le mécanisme, donc aisément réparable. Réparable, l’arriéré ? Il n’en est rien, ou pas aussi facilement. Précisons d’abord ce qu’est un arriéré, qui n’est pas un idiot. Les mots sont importants.
« Les facultés intellectuelles, considérées dans leur ensemble, existent mais sont retardées notablement au-dessous des facultés des enfants du même âge. L’attention laisse beaucoup à désirer, toutefois il est possible de la fixer, au moins pendant quelque temps : ce temps augmente si l’on varie les occupations intellectuelles. La réflexion, la prévoyance, n’existent qu’à un faible degré. La conception est lente, la mémoire paresseuse : les arriérés n’apprennent que par période. Ils ont des penchants particuliers, des aptitudes spéciales. Leur intelligence se manifeste principalement pour tout ce qui est relatif à ces penchants ou à ces aptitudes. On doit en profiter et s’en servir pour agrandir leur champ intellectuel. Parmi ces aptitudes, relevons les réparties piquantes, les saillies plaisantes, les manières joviales qui caractérisaient, par exemple, les malheureux qui remplissaient autrefois la fonction de fou du roi. Ils ont des sentiments moraux, de la gaieté, de l’affection familiale. Ils possèdent à un certain degré la notion du devoir, l’esprit d’ordre. Leur regard a peu d’éclat, mais ne fuit ni ne se perd dans le vague. Le mouvement, la marche, la préhension, la sensibilité générale, la sensibilité spéciale, sont en général intacts. Au point de vue physique, les arriérés offrent des stigmates de dégénérescence moins nombreux et moins prononcés que les imbéciles et surtout que les idiots. »
(L’imbécile léger, classification du Dr Bourneville, 1904)
Il y a 100 ans, les médecins, en apparence moins pointus que ceux d’aujourd’hui, ne s’embarrassaient pas de diagnostics adaptés, atténués, voire démagogiques : ils balançaient la vérité en pleine face. Et leur autorité n’était pas contestée. Aujourd’hui, on prend des pincettes : beaucoup de parents croient tout savoir, et même si le niveau de conscience médicale du public et des malades a augmenté, principalement grâce à l’Internet et à l’automédication, l’acceptation courageuse d’un diagnostic d’arriération reste le fait d’une minorité.
Les spécialistes de l’enfance distinguaient trois sortes d’arriérations : l’idiotie, elle-même partagée en complète (le légume qui bave et ne reconnaît même pas ses parents) et profonde (langage limité à des cris de joie ou de douleur, pratique de l’onanisme en public, conscience sociale nulle), l’imbécillité (facultés intellectuelles limitées, absence de volonté, perception grossière) et l’imbécillité morale (moins évidente, souvent innée, source de délinquance), l’imbécillité légère, dite aussi arriération intellectuelle, donnant des enfants intellectuellement inférieurs aux autres du même âge (ils jouent toujours avec des plus petits, arrivent tout juste à un comportement dit normal, et sont donc moins visibles), et enfin l’instabilité mentale, que nos spécialistes ont rebaptisée hyperactivité, troubles ou déficit de l’attention, ou encore TDAH (impulsifs, déconcentrés, hyper mobiles, désobéissants, irritants). Ces derniers et leur pathologie crèveront l’écran à l’occasion d’une émission de télévision, Ça se discute, produite par Jean-Luc Delarue, et diffusée le 10 février 2003 sur France 2. Pendant tout l’enregistrement, les enfants atteints de ce trouble seront fidèles à leur légende, en cavalant dans tous les sens comme des créatures incontrôlables.
« Débiles légers : QI de 65 à 80 ; Débiles moyens : QI de 50 à 65 ; Débiles profonds (imbécillité) : QI de 30 à 50 ; Arriérés profonds (idiotie) : QI inférieur à 30. » (classification moderne) Les pathologies n’ont donc pas changé, même si le monde a changé. Si tout comportement non conforme ne doit pas être considéré d’un point de vue pathologique, ce qu’on reproche à la psychiatrie américaine, qui fonctionne majoritairement sur la pharmacologie (plutôt que sur la psychothérapie), donc la vente de médicaments, donc le marketing, donc les nouveaux besoins, on ne doit pas non plus rejeter toute manifestation pathologique, sous prétexte d’humanisme ultime, de respect des droits de l’enfant ou d’amélioration de la prise en charge de la souffrance.
La loi de 2005 qui impose à tous les enfants, handicapés compris, d’être scolarisés, est une bonne chose… théoriquement. En pratique, les écoles ne sont pas toujours adaptées, les auxiliaires de vie scolaire manquent (budget oblige), en nombre et en formation - il faut un auxiliaire par enfant inadapté - et le niveau des autres peut en pâtir. Inversement, aux Etats-Unis et au Canada, des expériences assez isolées d’extraction/réinjection d’élèves « compliqués » (dont les éléments violents, souvent issus de familles noires ou indiennes) ont mené à des résultats probants. Mais les gouvernements locaux ont mis le paquet.
Si la violence scolaire est directement visible, ce n’est pas le cas du retard mental léger, qui a tendance à se cacher. Il y a des grades en arriération. Justement, ce sont les difficultés d’évaluation, sur cette échelle aux frontières floues entre chaque niveau, qui autorisent certains parents à fermer les yeux sur les problèmes psychiques de leur progéniture. Loin de nous l’idée de « pathologiser » tous les enfants dits « lents » dans un univers de compétition accrue, où l’on voit maintenant des parents chercher une maternelle d’élite dans un esprit sud-coréen délirant. Non seulement la détection est compliquée (les institutrices ne sont pas toutes armées en pédopsychiatrie), mais en cas de détection positive, la majorité des parents se sent blessée, et rétive à admettre le trouble. Dans les cas d’hyperactifs, ces enfants qui ne restent pas en place, ne peuvent se concentrer sur un travail simple, et perturbent le groupe, on préfère croire à un individu « tonique » et « productif », dans un environnement sociétal qui valorise l’agressivité et la productivité, plutôt que d’admettre qu’il redoute et fuit la mise en échec, son esprit sautant comme un cabri d’un sujet à l’autre, sans aucune cohérence.
L’hyperactivité n’est pas gravissime en soi, mais elle peut mener à une souffrance sociale. L’hyperactif est rapidement détecté par ses petits camarades comme pénible, littéralement « injouable ». Un mode de relation qui finit immanquablement en rejet. On résume, mais c’est ainsi. Inversement, il y a les lents d’esprit, apathiques, passifs, amorphes, a-réactifs. Qui entrent dans la catégorie des imbéciles légers. Mal à l’aise dans l’abstraction, ils ignorent le passé et le futur, et se contentent de gérer le présent de la manière la plus simple, avec des couples stimuli/réponse réduits. Ils ne ressentent pas grand-chose, mais connaissent, comme tout être vivant, la joie et la douleur. Entre les deux, pas vraiment de nuancier. Ils ne font pas de vagues, et se contentent d’être. Instinctivement, les enseignants les laissent de côté, car on ne peut leur demander beaucoup. L’erreur de diagnostic consistant à les prendre pour des paresseux, ce qu’ils deviennent de fait. En réalité, ils sont sans volonté. Et ne peuvent fonctionner qu’avec un exo-moteur : un adulte compatissant, une aide scolaire, voire un autre enfant, altruiste ou… manipulateur. Ces imbéciles légers ne souffrent pas violemment, mais comprennent une chose, c’est qu’ils ne sont pas exactement comme les autres. Leur prononciation est souvent défectueuse, et leur gestuelle défaillante traduit leur différence. Leur agressivité – maladroite - est une tentative de défense animale, vouée à l’échec. Et leur unique réponse quand ils ne peuvent fuir dans le silence. Comme s’ils obéissaient à un seul cerveau, celui des instincts : manger, boire, dormir, fuir, se défendre, attaquer. Comportement simplifié, comme eux.
Il reste à espérer qu’ils évoluent dans un contexte protégé, c’est-à-dire une famille aimante, compréhensive, qui a les moyens de s’offrir une école qui ne juge pas et dont l’enseignement est adapté à tous les niveaux mentaux rencontrés. Dans une classe Montessori, qui mélange allègrement précoces, normés et retardés, les élèves peuvent se mouvoir sans souci, passer d’un exercice à l’autre, ou même ne rien faire (mais pas trop longtemps), ce qui stabilise en partie les hyperactifs. Les imbéciles légers, eux, trouveront des exercices à leur niveau, dont la résolution leur fera engranger de la confiance. Ils pourront même enseigner à des plus petits, les classes courant sur trois ans (3-6, 6-9 et 9-12). Mais ces écoles sont payantes, entre 200 et 600€ par mois, et quasiment pas subventionnées par l’Etat. L’éducation nationale n’aime pas les expériences qui lui échappent ou lui tiennent tête.
Notons ici qu’il est plus difficile de reconnaître un déficient mental dans une famille nantie, où il peut être hyper stimulé, que dans une famille culturellement… déficiente. Le facteur « social » est dans ce cas un facteur aggravant. D’ailleurs, les neurologues et médecins de l’âme avaient déjà, il y a 100 ans, déterminé l’importance du milieu dans la fabrication des arriérés.
L’imaginaire des arriérés conscients de leur retard est saturé de peurs, de toutes les peurs possibles, car ils ne sont pas armés contre le réel, et surtout contre les autres, qui forment un bloc impitoyable. C’est pourquoi ils ne produisent aucune idée et sont incapables de la moindre abstraction. Pourtant, un travail basé sur la reconnaissance et la transformation de ces peurs peut soulager leur imaginaire, afin qu’il (re)devienne enfin consolateur. Ils peuvent alors, par exemple, « choisir » une passion. C’est une piste thérapeutique parmi d’autres. Finalement, tout le monde, arriéré ou pas, vit un peu ça, vaincre ses peurs et trouver une raison de vivre.
Il ne s’agit pas ici de faire la liste des pathologies de l’enfant qui déclenchent le déni parental, mais de comprendre qu’une société qui prône l’évitement de la douleur (physique et morale) se crée des problèmes parfois supérieurs tout en s’interdisant de réduire la douleur en question, quand elle peut être réduite. Si la douleur des malades mentaux légers est souvent cachée, les qualificatifs adoucissants installent une distance qui soulage… les autres. Prendre en considération la souffrance mentale d’un enfant demande tant de patience, de sens de l’observation, de changement de méthode, d’implication personnelle, d’investissement énergétique, de lucidité, que peu de familles osent au départ pénétrer cette complexité, se jeter dans l’inconnu. Pour les cas les moins graves, ou les plus réparables, l’ignorance de cette différence est un gâchis sans nom. Un enfant simplement dépressif peut être soigné à coups de pieds au cul, d’insultes et de culpabilisation, le meilleur moyen d’en faire un dépressif lourd, puis un suicidaire.
Si l’ignorance involontaire de parents imbéciles est dangereuse dans ce cas, l’ignorance volontaire l’est aussi. Ceux qui exigent performance intellectuelle et réussite sociale pour leurs enfants (qui serait la garantie du bonheur) et qui comptent sur le « service scolaire » pour les délivrer feraient mieux de comprendre leur rejeton avant d’accuser cette institution de tous les maux, une fois retombés sur terre. L’école n’est qu’un gigantesque réceptacle à bambins de toutes configurations : normaux/débiles, fous/conformes, pénibles/attachants, gentils/cruels, soumis/révoltés, géniaux/insignifiants, tristes/drôles… Une salade à l’alchimie bordélique qui décline toutes les différences, certaines exigeant plus de soins que d’autres.
Pourra-t-on un jour imaginer une école où toute une classe (d’âge) resterait ensemble, de la maternelle au bac ? Non détruite par les sélections successives ? Histoire de laisser vivre un réseau de relations sociales originales, évolutives ? Mais laissons là l’utopie.
L’école française, qui a abandonné les principes traditionnels qui en avaient fait un fleuron mondial (jusqu’aux années 70), sombre aujourd’hui dans la démagogie (90% de bacheliers), le mensonge (Peillon et la non théorie du genre), et une ignorance destructrice pour le futur de ces petits, imbéciles ou pas (la disparition de l’Histoire). Le trotskisme d’Etat en la matière est une catastrophe, et pourtant, nous sommes, de ce point de vue, profondément de gauche. Tout ne se règle pas par l’argent, l’augmentation des budgets de l’éducation nationale ces dernières décennies n’ayant pas freiné la chute qualitative, qui est tangible, parce qu’elle est programmée. Politique volontariste, faite de faiblesse (par rapport aux enfants d’immigrés récents) et de cynisme : tout rabaisser au niveau des ignorants, et respecter l’ignorance en tant que « différence ». L’imbécillité originelle de l’enfant est une chose, dont l’école n’est pas responsable, mais l’imbécillité programmée par l’école est une bombe atomique à retardement. On ne reviendra pas sur la myriade d’exemples – venus d’en haut, on le rappelle – de la programmation de l’imbécillité, que de plus en plus d’enseignants tentent de freiner, neutraliser, ou carrément éliminer. Tout n’est pas perdu.
« C’est que la "stratégie de Lisbonne", qui est exclusivement à visée économique, a pensé pour nous l’Éducation. C’est là, et nulle part ailleurs, que les politiques scolaires européennes ont été pensées. C’est en application des décisions prises par une assemblée d’économistes européens, dont on sait à quel point ils sont à la botte des grands argentiers internationaux, que l’école française connaît, depuis quinze ans, cette admirable embellie dont profitent tant nos élèves, comme le rappelle Pisa à chaque évaluation.. […] Seule une culture générale solide met à l’abri de ce genre d’aléa - cette culture que les cadres supérieurs trouvent dans les grandes écoles, que ce soit l’ENS, Polytechnique ou Oxford, pendant que vulgum pecus ou, si l’on préfère, le gros des élèves et des étudiants sera si peu et si mal éduqué qu’il restera taillable et corvéable à merci. »
(Jean-Paul Brighelli, Le Point.fr du 7 avril 2014)
Le constat dramatique de Brighelli, aussi décrié que douloureux, beaucoup l’ont fait : les parents et enseignants lucides, et parfois, quelques ministres courageux, Claude Allègre, qui n’aura pas battu le record de rodéo sur le Mammouth, ou Luc Ferry, abattu par les syndicats. Des gens de droite, pour la plupart, si cela veut encore dire quelque chose. Mais qui ne peuvent rien contre les tenants réels de l’éducation nationale. Les ministres passent, les hauts fonctionnaires restent. Comme pour le Titanic, il faut faire machine arrière, car l’iceberg de la catastrophe sociale, conséquence de la catastrophe éducative, approche. On peut encore changer de cap, en résistant à l’hypermensonge officiel. Les batailles contre la méthode globale d’apprentissage de la lecture (le fameux « petit nègre » enseigné aux enfants algériens en Algérie française pour leur donner le minimum d’instruction, mais pas plus), ou les ABCD de l’homosexualité (rire), ont été partiellement gagnées. Mais la pression au rabaissement est constante, et les décideurs de l’éducation antinationale sont toujours là, pondant aberration sur aberration avec une science consommée de l’erreur, ou du masochisme.
S’il est nécessaire d’avoir aujourd’hui - vu le niveau encore faible de conscience individuelle et donc collective (pléonasme) - des dirigeants dans tous les domaines, ainsi que des lois pour imposer un semblant de paix sociale, on n’est pas obligés d’avoir des dirigeants aussi nuisibles, qui sacrifient l’intelligence de la nation à leurs fantasmes personnels ou micro-collectifs. On ne croit pas à une volonté démoniaque de détruire l’âme de notre cher pays, car beaucoup de gauchistes primaires aux commandes croient vraiment à un certain comblement des différences sociales par l’école, à l’élévation de chacun, et à la nécessité d’un grand service public. Nous y croyons aussi, mais en étant vigilants sur les méthodes et l’efficacité. Car souvent, le rêve des puissants se change en cauchemar, une fois plaqué sur la réalité. Si l’école produit de plus en plus d’imbéciles, c’est qu’elle est pensée par des imbéciles au pouvoir. C’est ce pouvoir des imbéciles qu’il faut renverser. La première Bastille à reprendre, c’est l’éducation nationale. Ensuite, ce sera le tour des médias, qui nous ont été volés. Mais ça, c’est une autre histoire.