Egalité et Réconciliation
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Un livre de philo à la plage ?
Vous êtes fous !

Lire, c’est déjà pénible, mais alors lire des trucs compliqués, c’est carrément du masochisme, surtout en vacances.

 

Sauf que quand on voit des gens qui ne lisent pas, ou plus, quand soi-même on lit un peu, voire beaucoup, on sent comme une différence. Oh, pas d’intelligence, même si en lisant on améliore sa vision des choses, mais on sent qu’on n’est plus trop en phase.

On a un pote qui écoute France Inter du matin au soir, nous pas, on lit des livres, eh bien vous nous croirez ou pas, mais il devient de plus en plus con. La différence, c’est que nous, quand on ouvre un bouquin, on accepte d’avoir été cons.

La somme d’informations ou de culture apportée par un bon livre nous ramène à notre insignifiance, dans un domaine donné. En avançant dans le livre, on se dit merde, j’ai ignoré tout ça, et en même temps, on découvre le plaisir incroyable de repousser les limites de notre propre connerie. On se crée de nouvelles frontières, comme disait Kennedy. Certes, on n’en aura jamais fini de découvrir, mais on repoussera le plus possible notre ignorance, là où finit notre connaissance.

Ça semble basique, dit comme ça, mais c’est très réel, sensoriel même, et l’intérêt de la lecture, c’est qu’on n’est pas en compétition avec (ou plutôt contre) les autres, mais avec l’ignorance. C’est un peu le combat du bien contre le mal, si toutefois on choisit les bons livres. Parce que là où il y a un choix, l’erreur est possible.

 

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Pourquoi ne pas relire Mein Kampf en vacances ?

 

Comment savoir si on est dans un bon livre, un livre qui va faire reculer notre ignorance ? Bon, déjà, on dégage les livres de divertissement, qui sont très bien pour ce qu’ils proposent, une détente, une évasion, etc. Un roman, un bon roman, ça a son intérêt. Mais un livre de connaissances, si l’auteur n’est pas un idiot ou un escroc, ça n’a rien à voir.

On va prendre une image quelque peu olé-olé, mais elle fonctionne : la différence entre le bouquin de divertissement et le bouquin de connaissance est du même ordre que celle entre le plaisir solitaire et l’amour (à deux). Le premier n’apporte qu’un plaisir fugace, qui reviendra de toute façon (de cette eau vous aurez toujours soif...), tandis que le second ouvre sur de riches perspectives.

On arrête là la comparaison, on dira juste que, pour ne pas se tromper de livre (de connaissance), il suffit de se laisser guider par son esprit et sa curiosité : ils sauront vous désigner ce dont ils ont envie, et besoin. Le livre de connaissance a ceci de spécial qu’il appelle le livre de connaissance suivante, ou supérieure, c’est une contagion et une construction. Il y a un lien invisible entre les bons livres, ils s’appellent, communiquent, comme les arbres dans les forêts, qui semblent pourtant silencieux.

Le travail de tri peut être fait en aval, par un simple lecteur qui a du nez ou du goût, et qui le développe en avançant dans la forêt des livres intéressants. Mais ce travail de tri peut être fait en amont, par un éditeur, qui peut lui aussi avoir du nez et du goût . On en a connus qui ne sortaient presque que des bons trucs (le fils Fayard avec ses bouquins sur le renseignement et l’histoire cachée), avec parfois quelques concessions au Marché, parce qu’il faut bien remplir sa besace et qu’un livre grand public permet parfois d’éditer des livres plus petit public.

Mais les livres de connaissance ne sont pas forcément des livres petit public. Certes, les cartons de grands livres qui rencontrent un immense public ne sont pas légion, surtout quand ils dérangent le Système en place. On pense à L’Archipel du Goulag de Soljenitsyne, l’exemple le plus connu. Dans un autre registre, on le sait tous ici, Comprendre l’Empire est un livre fondamental, qui a rencontré un large public, quand on sait que BHL ne vend rien et que personne ne le lit, malgré un carpet bombing promotionnel délirant.

Il y a donc, pour des livres politiques intéressants, un autre enjeu, à cause des obstacles. Ce qui ne nous empêche pas de les lire. Au fond, la génération qui vient, nourrie à l’écran et aux réseaux sociaux, court vers son appauvrissement mental. Seules les familles qui mettront le paquet sur la lecture (entre autres, car il y a le sport, la nutrition, le soin, les valeurs) permettront à leur progéniture d’éviter un destin plus difficile.

On a des potes qui refilaient à leurs bébés des tablettes (numériques) pour les calmer. Aujourd’hui, vingt ans plus tard, ce sont des têtes creuses, prêtes à subir toutes les manipulations. On n’est pas contre le mobile, seulement s’il est un instrument de travail, et de communication. Dès que ça devient un divertissement addictif, c’est la dégénérescence cérébrale assurée.

Dans les bibliothèques ou médiathèques, on trouvait généralement trois sortes de pauvres : les étudiants, les juifs et les Asiatiques, plus les rats de bibliothèque (comme vos serviteurs). Les autres s’en foutaient. Et là on donne raison à J.-J. Goldman qui disait que les jeunes se battaient pour entrer en boîte de nuit et pas dans les biblis.

La connaissance par le livre, c’est ce qui peut changer un individu et sa vie, et là encore, on retrouve les cigales et les fourmis. L’hiver, lui, approche à grands pas.

Lectures pour érudits et débutants

 






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