Accusée de fournir des avances de cash à des taux prohibitifs, plus qu’usuraires, la société Wonga doit sa fulgurante réussite outre-Manche à la crise endémique, et à son long cortège de victimes qui sont autant de clients potentiels en trois petits clics seulement.
En dépit du feu nourri de critiques qui épingle le site Wonga depuis son irruption sur la toile en 2008, cette plateforme électronique a déjà séduit plus de 3,5 millions de Britanniques, qui ont en commun de tirer le diable par la queue. Il n’en va pas de même dans l’univers du sport professionnel, où ses inconditionnels se font plus rares et réticents, voire carrément hostiles, notamment les quatre joueurs de football musulmans du club de Newcastle, Demba Ba, Papiss Cisse, Cheick Tiote, sans oublier le national de l’étape, Hatem Ben Arfa.
À la tête de la fronde interne, l’irréductible Papiss Cisse n’a cessé, depuis des mois, de désapprouver le partenariat scellé entre son club et la société de prêt à court terme dont l’activité, qui n’a rien d’une œuvre caritative ou philanthropique, est en tout point antinomique avec les valeurs de l’islam. Ce dernier a joint le geste à la parole, refusant de porter le maillot aux couleurs du logo du nouveau sponsor.
Une obstruction justifiée par des raisons éthiques et religieuses non-négociables, contrairement aux tractations qui ont abouti au juteux contrat de sponsoring que le Newcastle United a conclu en octobre dernier avec la société Wonga, et qui n’a pas été sans défrayer la chronique sportive en Grande-Bretagne.
Si le club de Newcastle ne remet pas pour autant en cause son partenariat de la discorde, un autre club de football anglais, le Bolton Wanderers club, situé près de Manchester, a, lui, finalement renoncé au parrainage qui le liait à une société de prêt Quickquid, suite au tollé suscité parmi ses supporters et des élus locaux, la pétition, qui a mobilisé près de 4 500 signataires en colère, ayant convaincu ses dirigeants d’y mettre un terme toutes affaires cessantes.
L’affaire de Newcastle et de l’opposition des footballeurs musulmans à pactiser avec l’argent sale fait couler de l’encre, mais pour les bonnes raisons, et n’est pas sans rappeler le refus solitaire et d’autant plus courageux du footballeur musulman, Frédéric Kanouté, d’arborer le logo du site 888.com au nom de sa foi, alors qu’il jouait à Séville.