L’espace aérien de la mer Baltique est très fréquenté par les avions militaires, en particulier par les appareils spécialisés dans la collecte du renseignement d’origine électronique. Si l’aviation russe y est présente (avec ses Iliouchine II-20M Coot et Beriev A-50 Mainstay ainsi que ses bombardiers), celle de l’Otan l’est aussi…
Parmi les pays riverains de la Baltique, la Suède et la Finlande ne sont pas membres de l’Alliance atlantique, à la différence de la Pologne et des trois États baltes, lesquels sont préoccupés par les activités russes, surtout après l’affaire de la Crimée. Et cela d’autant plus que la Russie dispose de moyens militaires relativement importants dans l’enclave de Kaliningrad, coincée entre le territoire polonais et la Lituanie.
C’est dans ce contexte que, le 18 juillet dernier, soit un jour après que le Boeing 777 de la Malaysia Airlines a été abattu dans l’est de l’Ukraine, un avion de renseignement de l’US Air Force de type RC-135 Rivet Joint a été « accroché » et suivi de manière « inhabituelle » par un radar russe, alors qu’il survolait la Baltique dans l’espace aérien international. Du moins selon Washington.
Après avoir été approché par des avions russes, l’équipage de l’appareil américain est allé au plus court et a pénétré l’espace aérien suédois au niveau de l’île de Gotland sans en avoir demandé préalablement l’autorisation. L’affaire a été révélée le 31 juillet dernier pas les journaux du pays, qui ont indiqué que le RC-135 évoluait près de Kaliningrad, avant d’être confirmée par l’administration américaine.
« L’équipage de l’avion espion était tellement préoccupé par le radar de poursuite qu’il voulait sortir de la zone le plus rapidement possible », a fait valoir un responsable militaire, interrogé par CNN.
Le RC-135 n’est pas resté longtemps dans l’espace aérien suédois : il l’a quitté après avoir été informé de son « erreur » par les contrôleurs aériens locaux.
« Le commandant de l’appareil, agissant de manière sûre et professionnelle, a manoeuvré l’avion pour éviter une éventuelle rencontre avec l’aviation russe », a expliqué le commandement militaire américain en Europe (US EUCOM), avant de préciser que des discussions sont en cours avec les autorités suédoises pour prévenir ce genre de situation qui risque de se répéter à l’avenir.
Cet incident rappelle celui qui a eu lieu le 23 avril dernier. Ce jour-là, un RC-135 U « Combat Sent » de l’US Air Force avait été intimidé par un chasseur SU-37 russe lors d’une « mission de routine ans l’espace international au-dessus de la mer d’Okhotsk ». Quelques jours plus tôt, un SU-24 russe avait effectué plusieurs passes au-dessus du destroyer USS Donald Cook, en mer Noire.
Pour rappel, l’espace aérien suédois avait été volontairement violé par des avions militaires russes en mars 2013. Deux bombardiers Tu-22 M3 Backfire escortés par 4 chasseurs Su-27 Flanker simulèrent l’attaque de deux bases militaires suédoises.