Les récents développements suggèrent que Washington veut contrer Pékin au lieu de travailler avec lui, mais l’impasse de la guerre froide, ainsi que les facteurs économiques et géostratégiques actuelles donnent à penser que l’endiguement est une stratégie malsaine et est vouée à l’échec.
« Dans les prochains mois, plus d’accent est susceptible d’être mis sur la Chine comme un concurrent stratégique sérieux, sinon un adversaire pur et simple », a écrit dans la revue National Interest Ted Galen Carpenter, expert en défense et politique étrangère au Cato Institute.
Si les décideurs politiques américains ne veulent pas ajouter une pression supplémentaire aux relations déjà tendues avec Pékin, il est temps de réévaluer leur stratégie qui a récemment poussé à l’approfondissement des relations avec l’Inde et le Vietnam, ainsi que celle des opérations en mer de Chine méridionale invoquant « la liberté de navigation ». Rien de tout cela ne rend Pékin heureux.
L’analyste souligne trois raisons pour lesquelles la politique d’endiguement de la guerre froide, qui était tournée contre l’Union soviétique, est une quête sans espoir.
En premier lieu, c’est économiquement irrationnel
La coopération économique est la caractéristique la plus importante des relations bilatérales entre ces deux économies mondiales de premier plan. Si un côté décide de rompre ces liens, les deux feront face à de graves conséquences.
« La Chine est le deuxième partenaire commercial de l’Amérique. En 2015, les États-Unis ont exporté vers la Chine des marchandises pour un montant total de 116 milliards de dollars alors que les importations représentaient 482 milliards de dollars. Une perturbation de ces relations serait extrêmement coûteuse et douloureuse pour les deux pays », explique M.Carpenter.
Au contraire, les relations économiques des États-Unis avec l’Union soviétique étaient en grande partie une question négligeable. Ainsi, Washington n’a pas dû prendre en compte le facteur de coopération économique lors de l’élaboration de sa stratégie à l’encontre de Moscou après la Seconde Guerre mondiale.
Deuxièmement, l’endiguement est un jeu multijoueur
Tout comme à l’époque de la guerre froide, Washington aura besoin de partenaires et d’alliés pour réaliser une stratégie visant à contrer la Chine.
« Mener une politique d’endiguement contre l’Union soviétique pendant la guerre froide a été possible parce que ni les États-Unis, ni leurs alliés principaux n’avaient beaucoup de relation politique ou économique à perdre avec Moscou », note l’expert américain.
Cela ne se produira pas aujourd’hui. La plupart des pays asiatiques, y compris des alliés proches des États-Unis, le Japon et la Corée du Sud, ont d’importants liens économiques avec Pékin. Il est très peu probable que certains d’entre eux veuillent mettre en péril leurs relations pour soutenir les tentatives de Washington de contrer la Chine.
Troisièmement, le programme nucléaire de la Corée du Nord
Washington doit également tenir compte de défis mondiaux, comme les ambitions nucléaires de Pyongyang, et le rôle de la Chine pour y faire face.
« Il est presque impossible, par exemple, d’imaginer des progrès réalisés sur la question difficile et complexe du programme nucléaire et de missiles balistiques de la Corée du Nord sans une large participation de la Chine », fait remarquer l’analyste.
Le Pentagone et le département d’État doivent atténuer leur rhétorique quand il s’agit de la Chine. Sinon, leur stratégie d’essayer d’endiguer le dragon entraînerait des effets indésirables, en particulier, pour les États-Unis.