Un Colmarien a été condamné pour avoir fait une quenelle devant une plaque commémorative de la synagogue en hommage aux victimes de la Shoah. Le prévenu a affirmé qu’il s’agissait d’un geste pour lutter contre l’antisémitisme.
Le tribunal correctionnel de Colmar a jugé vendredi un homme de 42 ans pour avoir diffusé sur internet une photo de lui et de son fils mineur, faisant une « quenelle » devant la plaque commémorative des victimes du Vel d’hiv et du nazisme, apposée sur un mur de la synagogue de Colmar. L’image avait été postée sur sa page Facebook et sur celle de Dieudonné. L’homme a indiqué que, pour lui, la quenelle est « un acte antisystème, le bras d’honneur moderne ».
« Excuses »
Quand la présidente Valérie Collignon l’a questionné sur l’emplacement de la photo, la synagogue, il a eu une réponse pour le moins surprenante :
« C’était pour dire qu’on ne veut plus jamais que ça arrive. L’antisémitisme se développe de façon exponentielle, on voulait dire “stop”, on ne veut plus ça. Loin, loin de moi de vouloir blesser qui que ce soit. »
Le prévenu a précisé qu’il était représentant syndical et qu’il travaillait dans un milieu multiculturel.
« Ce n’était pas du tout pour heurter la communauté israélite. Avec le recul, je me rends compte que j’ai été maladroit. Je présente mes sincères excuses à la communauté. »
« Haine déguisée »
L’argument a laissé perplexe les avocats des parties civiles : le consistoire israélite du Haut-Rhin et la Licra.
« La photo se trouve également sur un blog “best of” des meilleures quenelles. À côté, il y a celle d’Alain Soral devant le mémorial de la Shoah à Berlin, ou une autre devant l’école de Toulouse où des enfants juifs ont été assassinés par Merah. Le point commun, ce sont des personnes juives. On ne voit pas de quenelle devant une banque, un tribunal ou un commissariat ! »
Les deux avocats ont sollicité un euro symbolique de dommages et intérêts. Marie-Claude Weiss, vice procureure, n’a pas cru non plus à la bonne foi du prévenu. Pour elle, ce dernier « n’assume pas devant un tribunal. […] La haine reste la haine quel que soit son déguisement. » Elle a requis deux mois de prison avec sursis et la diffusion de la condamnation.
Sans avocat, le prévenu a réitéré ses excuses tout en s’étonnant de la tournure de son procès :
« Je suis surpris, ça part de partout, j’ai l’impression que c’est le procès de Dieudonné, mais les propos de Dieudonné ne sont pas les miens. »
Il a été condamné à trois mois de prison avec sursis et à payer la publication de la décision dans les deux journaux locaux, dans la limite de 1 000 €.