Coup de tonnerre ce matin à Brest. Le tribunal a entendu aujourd’hui un homme marié, et récemment devenu femme. Celui-ci veut changer son état-civil, tout en conservant son contrat de mariage. Le parquet n’émettrait pas d’opposition à cette demande.
L’histoire est singulière. Il y a peu Wilfrid , 41 ans, marié à Marie depuis 14 ans, père de trois enfants, est devenu Chloé . Marie, elle, "a toujours été homosexuelle" raconte la nouvelle Chloé.
"Mais il se trouve qu’elle est tombée amoureuse d’un garçon raffiné et efféminé…Et ce garçon c’était moi !" Alors, lorsque Chloé a voulu faire modifier son acte de naissance, c’est ensemble qu’ils se sont rendus au tribunal de Brest.
Et, fait exceptionnel, le Ministère Public habitué à ce genre de requête, cette fois-ci, n’a aucunement exigé le divorce du couple, comme cela doit se faire normalement. "C’est une double première" se félicite Me Emmanuel Ludot l’avocat du couple.
"Il s’agit d’un couple marié qui va le rester. Le changement d’identité n’entraîne pas la rupture du lien conjugal. Au contraire, il le conforte ? Et là, c’est une situation exceptionnelle" , conclue-t-il à la fin de l’audience à huis clôt ce matin.
Du côté du couple, la joie est aussi palpable : "reconnaître mon identité de femme, c’est me permettre d’être moi-même. C’est également beaucoup plus pratique au quotidien : on refuse parfois ma carte d’identité quand je fais un chèque ou on me demande d’aller chercher la procuration de mon mari pour récupérer un recommandé…" raconte Chloé.
"C’est gênant, surtout devant les enfants" conclue-t-elle, sans vraiment se rendre compte du bouleversement politique que cette décision pourrait engendrer. En effet, profitant d’une faille juridique, le tribunal pourrait bel et bien prononcer, à l’issue des délibérés, le premier mariage homosexuel de France.
Me Ludot explique : "lorsque M. et Mme. Avrillon se sont mariés, ils étaient bien un homme et une femme. Il n’y a pas eu fraude, on ne peut pas annuler le mariage et on ne peut pas exiger qu’ils divorcent" .
Selon lui, l’Etat Français n’a plus le choix, "il n’y a plus de reculade possible" ajoute-t-il enjoué. "Le mariage homosexuel est maintenant sur les rails" .