Jeudi soir 27 octobre, une cinquantaine de personnes sont réunies dans la salle de conférences du centre culturel syrien, avenue de Tourville, dans le VIIe arrondissement de Paris. Ils sont venus écouter le ministre-adjoint de la Culture syrien leur parler des villes byzantines, et du legs byzantin à la Syrie.
A 19 heures, une vingtaine de jeunes gens de l’assistance se lèvent en scandant des slogans hostiles à Bachar al-Assad. Une bousculade s’en suit avec des partisans de ce dernier et des membres du personnel consulaire syrien. Un des perturbateurs casse la vitre d’une fenêtre et tire le drapeau syrien de façon à ce qu’il ne flotte plus sur la façade du centre culturel. Celui-ci est passé sous la coupe des contestataires, qui vont tenir les lieux pendant une heure et demie.
La police, prévenue, met donc du temps – au moins une heure -à se rendre sur les lieux. Là, vers 21 heures 30, elle procède à l’évacuation et à l’interpellation des contestataires. Ce serait lors de cette évacuation que des heurts se seraient produits avec les Syriens pro-Assad.
Du moins si on en croit une des membres du groupe anti-Bachar, Lama Atassi : « Les chabiha (miliciens pro-Assad que les opposants voient partout, même à Paris, Ndlr) ont attaqué les opposants à la sortie. » explique-t-elle au micro tout acquis de la journaliste du Nouvel Observateur. « Ils (les soit-disant chabiha) n’étaient pas nombreux, mais très agressifs. Certains manifestants ont été blessés et ont dû être conduits à l’hôpital » assure la pasionaria.
Une chose est sûre, les contestataires ont finalement été embarqués par la police et conduits au commissariat des transports, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Là ils ont été placés en garde à vue, et ont passé la nuit dans les locaux du commissariat. Si l’on en croit le Nouvel Obs, les démarches de proches pour les faire libérer ont été vaines. On ne sait pas, à l’heure où nous écrivons, si ces « résistants » seront inculpés de quelque chose.
Deux ou trois morales de cette histoire
Le bilan s’établirait donc à un manifestant blessé (en cassant le carreau d’une fenêtre) et sans doute à quelques bleus et contusions. Mais voilà ce que nous – Infosyrie – retenons de l’événement :
Dans la conjoncture qu’on connait, le centre culturel syrien ne bénéficie d’aucune protection policière, ni, d’ailleurs, d’un service syrien de protection très étoffé : les shabiha virtuels n’ont pu empêcher les opposants de tenir leur meeting de protestation improvisé, et ce pendant plus d’une heure.
Amusant quand on se souvient que les médias français et européens nous racontaient avec des trémolos journalistiques « citoyens » les persécutions d’opposants par les barbouzes syriennes dont regorgeraient les ambassades et consulats syriens en France et en Belgique. La préfecture de police a annoncé un renforcement de la présence policière à proximité du centre culturel syrien.
Les participants « conventionnels » de la réunion, pro-Bachar, ont une autre version que celle donnée au Nouvel Obs par Lama Atassi, et nous devrions publier dès demain, une relation de l’affaire par une jeune participante à la conférence, avec les photos qu’elle a prises ce soir-là.
Lama Atassi n’est pas inconnue de nos « services » : elle était en effet une des oratrices de la réunion « de soutien au peuple syrien« (sic) organisée par l’humaniste (sic) et philosophe (sic) Bernard-Henri Lévy à Saint-Germain-des-Prés en juillet.
Elle avait d’ailleurs succédé au micro à BHL, pour lire un discours co-rédigé, de son propre aveu, avec la rédaction sioniste et atlantisme de La Règle du jeu, la revue de BHL. Voilà qui en dit long sur la qualité de l’engagement de Mlle Atassi et ses camarades en faveur d’une Syrie démocratique.
Cette jeune fille de grande famille syrienne est un exemple assez achevé de cette « bobocratie » que la Syrie a su – pour son malheur – produire. On peut même dire que ce genre de personne est une preuve incontestable de la libéralisation et de la modernisation du régime sous la présidence de Bachar : on a bien dit une preuve, pas un bienfait.