Des rebelles dont des jihadistes liés à Al-Qaïda ont pris dimanche le contrôle du village chrétien de Maaloula au nord de Damas, après de violents combats avec l’armée, selon une ONG et une habitante syriennes.
Les combats nocturnes ont fait 17 morts et plus de 100 blessés parmi les rebelles et des dizaines de morts et de blessés dans les rangs des forces gouvernementales et leurs supplétifs, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG qui s’appuie sur un large réseau de militants et de médecins à travers le pays en guerre.
Les troupes du régime sont entrées dans Maaloula mais les rebelles y ont envoyé des renforts et ont pu prendre le contrôle de tout le village après de violents combats dans la nuit. Les soldats se sont ensuite repliés aux confins de la localité, a dit à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Selon lui, les rebelles sont constitués notamment de combattants du groupe sunnite extrémiste du Front Al-Nosra qui s’est rallié aux rebelles voulant renverser le régime syrien et a revendiqué de nombreux attentats suicide et à la voiture piégée à travers le pays.
La prise de Maaloula permet aux rebelles de resserrer l’étau autour de Damas et de menacer la route principale reliant la capitale à Homs, plus au nord, voie stratégique pour le ravitaillement des troupes du régime.
Les rebelles sont en effet présents déjà au sud, à l’est et à l’ouest de Damas et la prise de Maaloula renforce leur présence au nord de la ville.
Une habitante, jointe par téléphone, a confirmé le retrait de l’armée et la présence des rebelles à Maaloula, l’une des plus célèbres localités chrétiennes de Syrie dont les habitants parlent l’araméen, la langue de Jésus-Christ.
S’exprimant sous le couvert de l’anonymat, elle a indiqué que la situation était calme dimanche matin. Les rebelles sont dans tout Maaloula. Les troupes du gouvernement s’en sont retirées.
Maaloula, village de 5 000 âmes situé à 55 km au nord de Damas, doit sa renommée à ses refuges troglodytiques datant des premiers siècles du christianisme. La majorité de ses habitants chrétiens sont grecs-catholiques.
Les combats pour la prise de Maaloula avaient commencé mercredi par une attaque suicide attribuée au Front al-Nosra contre une position de l’armée à l’une des entrées de Maaloula. Une vidéo postée alors par les rebelles a montré des insurgés parlant dans des talkie-walkies alors que le caméraman clame Dieu est le plus grand. Libération du barrage de Maaloula. La caméra montrait des corps gisant sur la chaussée.
Une habitante jointe alors par téléphone au monastère de Mar Takla avait affirmé que les jihadistes d’Al-Nosra tiraient sur la localité avec des obus et des mitrailleuses anti-aériennes. C’est la première fois que nous sommes attaqués.
Selon la Coalition nationale de l’opposition syrienne, les rebelles se sont retirés de Maaloula dans la nuit de jeudi à vendredi dans le but de préserver l’héritage religieux et archéologique de la ville. Mais les combats avaient repris samedi et la télévision d’Etat avait même affirmé que l’armée avait nettoyé Maaloula des insurgés.
La localité, qui prévoit de célébrer la fête de l’Exaltation de la Croix le 14 septembre, abrite aussi le monastère grec orthodoxe de Mar Takla, construit autour de la grotte et du tombeau de Sainte-Thècle fêtée, elle, le 24 septembre.
Inconnu avant la révolte en Syrie, le Front Al-Nosra appelle à un Etat islamique en Syrie.
Récemment, la tension est montée entre Al-Nosra et la rébellion dite modérée de l’Armée syrienne libre (ASL), en raison des multiplications des exactions par les jihadistes.
Déclenchée en mars 2011 par une contestation populaire pacifique qui s’est militarisée face à la répression menée par le régime, la guerre oppose l’armée à une rébellion hétéroclite composée de déserteurs, de civils ayant pris les armes et d’étrangers jihadistes.
Plus de 110 000 personnes y ont péri selon l’OSDH, alors que plusieurs millions de Syriens ont été poussés à la fuite.