Signe des temps. Un roman parodiant l’exploitation de l’Holocauste à des fins commerciales sort en France, sept ans après son succès aux États-Unis. My Holocaust de Tova Reich, paru en 2007, est disponible depuis ce 16 octobre aux éditions du Cherche-midi sous le titre Mon Holocauste.
Le livre, écrit par la femme de Walter Reich, ancien directeur du musée de l’Holocauste à Washington, parodie le Shoah business dans toutes ses formes. La lecture de la quatrième de couverture annonce la couleur :
« Bienvenue dans la famille Messer. Le père et le fils, Maurice et Norman, vivent par et pour le génocide juif. Le premier dirige le musée de l’Holocauste de Washington, le second préside une société, Holocaust Connections, Inc., chargée de distribuer une appellation “Holocauste compatible” aux produits de ses clients. Autour d’eux se presse une foule de donateurs, d’artistes, d’intellectuels, tous soucieux d’obtenir un label socialement désirable et commercialement rentable. Tout va pour le mieux jusqu’au jour où Nechama, la fille de Norman, décide de se convertir au catholicisme et d’entrer au carmel d’Auschwitz. Avec ce roman furieux, sans hypocrisie ni tabou, Tova Reich s’en prend, sous la forme d’une satire irrésistible, aux “professionnels de l’Holocauste”. Salué par la critique américaine, comparé aux oeuvres de Philip Roth, Mon Holocauste a fait scandale lors de sa sortie aux États-Unis. »
L’onction d’Alain Finkielkraut, mais seulement pour la « diaspora des lecteurs intelligents »
Née le 24 décembre 1942, Tova Reich a grandi à New York dans une famille de juifs orthodoxes originaires d’Europe de l’Est où son père et ses trois frères sont rabbins. Lors de la parution du roman aux États-Unis, les 25 000 exemplaires du premier tirage avaient été rapidement épuisés dans une ambiance de scandale. Le New York Times avait notamment dénoncé un roman « rance et primitif », avant que Cynthia Ozick, qui, aux États-Unis, est à la littérature ce que Woody Allen est au cinéma, ne donne finalement son onction. Une onction qui a été donnée en France par l’académicien talmudiste Alain Finkielkraut dans le JDD du 21 septembre 2014 :
« Les faurissoniens boute-en-train chercheront-ils à récupérer Mon Holocauste ? Peu importe. Il faut leur rendre la monnaie de leur pièce : faire comme s’ils n’existaient pas […] c’est la diaspora de lecteurs intelligents auxquels ce livre fera du bien. »