Voilà sept mois maintenant que le vol MH370 de la compagnie Malaysia Airlines a disparu des radars. Malgré les recherches qui ont été menées, les plus intensives et les plus coûteuses de toute l’histoire de l’aviation, l’épave n’a jamais été retrouvée. Naturellement, cela a donné lieu à de nombreuses théories du complot à propos de ce qui a pu arriver à l’avion.
Sir Tim Clark, le CEO (Ndlr : directeur général) d’une autre compagnie aérienne, Emirates, n’est pas partisan de ce genre de théories. Sa compagnie opère elle-même 127 Boeing 777, le même modèle que l’avion qui a disparu, un nombre plus important que toute autre compagnie à travers le monde, et cela le motive particulièrement à vouloir comprendre ce qui s’est passé. Mais il a expliqué au journal allemand Der Spiegel qu’il est fermement convaincu que les autorités retiennent des informations importantes, et il s’inquiète de ce que l’on finisse par classer le dossier sans apporter de réponses à certaines questions, et qu’il demeure ainsi éternellement « l’un des plus grands mystères de l’aviation ».
« Dans l’histoire de l’aviation civile, il n’y a pas eu d’autre incident sur l’eau – à part Amelia Earhart (Ndlr : aviatrice états-unienne disparu au dessus du Pacifique) en 1939 – qui n’ait pas été traçable à au moins 5 ou 10%. Le MH 370 a tout simplement disparu. Pour moi, cela soulève un certain degré de suspicion. Je suis tout à fait mécontent de tout ce qui est ressorti de cette histoire. »
Pour Clark, certains détails suscitent des interrogations. Le Bureau australien de l’aviation a indiqué que l’appareil s’était dirigé pendant 5 heures vers l’Antarctique en mode pilotage automatique avant de s’écraser dans l’Océan Indien. Mais Clark en doute, et il pense qu’il faudrait démontrer la véracité de toutes les informations relatives à ce vol avant de les prendre en compte.
Il souligne qu’un grand avion comme le Boeing 777 ne peut pas disparaître en mer sans laisser aucune trace derrière lui. « Notre expérience nous indique que dans des accidents dans l’eau, il y a toujours quelque chose là où l’avion a sombré », dit-il. Or, dans le cas du vol MH370, les équipes qui ont mené les recherches n’ont toujours rien trouvé, pas même « un coussin de siège ».
« Nous devons savoir qui était dans cet avion, selon les détails que certains connaissent de toute évidence. Nous devons savoir ce qu’il transportait », estime Clark. En outre, il voudrait connaître la nature de la mystérieuse cargaison en soute pour laquelle les autorités malaisiennes ont refusé de publier le manifeste de cargaison, un document de transport qui liste la totalité des marchandises chargées dans l’avion. Ce refus a suscité de nombreuses critiques au plan international. Clark est convaincu que le scénario le plus probable est que quelqu’un a pris le contrôle de l’appareil jusqu’à sa fin ultime.
La disparition de l’avion des radars demeure la chose la plus incompréhensible pour lui. Il rappelle qu’en plus de transpondeurs standards, qui auraient été désactivés, selon les enquêteurs, il existe un système d’urgence appelé ACARS (Aircraft Communications Addressing and Reporting System), conçu pour permettre aux compagnies aériennes de suivre leurs aéronefs. Toutes les compagnies aériennes en font usage et normalement, il est très difficile de désactiver ce système. Même les pilotes ne sont pas formés pour le faire. Pourtant, il a tout de même cessé de fonctionner pour le vol MH370, ce qui a neutralisé le suivi de l’avion depuis le sol.