Que se passe-t-il dans l’Est de l’Ukraine ? Les troupes de Kiev ont fait sauter mercredi 17 septembre la centrale thermique de Lougansk. Les accrochages se multiplient et les divers témoignages que l’on peut recueillir montrent que bien souvent ce sont les forces de Kiev qui sont à l’origine de ces violations du cessez-le-feu.
Par ailleurs le président Poroshenko, en visite au Canada et aux États-Unis, a déclaré que le « statut » des régions de l’Est, qu’il a fait voter avant son départ, ne prévoyait aucune « autonomie » pour ces régions, ni même un « semi-autonomie ». Tout se passe comme si le gouvernement de Kiev avait été contraint d’accepter le cessez-le-feu du fait de la déroute de ses forces, mais n’avait aucunement l’intention de rechercher un accord durable avec les insurgés.
On pouvait s’attendre à ceci, mais cela ne laisse pas d’être inquiétant, surtout alors que l’Union européenne s’enferre dans sa politique des sanctions et que Poroshenko multiplie les déclarations bellicistes aux États-Unis.
Rappelons donc ici deux vérités que les derniers événements rendent toujours plus d’actualité :
- Le cessez-le-feu ne sera réellement respecté que si il y a au préalable un accord sur la délimitation des forces et si l’on désigne une force d’interposition sous mandat des Nations Unies. Cette simple vérité devrait être évidente pour tous. Il faut tout l’aveuglement partisan qui règne aujourd’hui dans l’UE et en France pour qu’on la refuse.
- Le gouvernement de Kiev doit immédiatement ouvrir des négociations avec les insurgés sur le statut de l’est de l’Ukraine s’il veut RÉELLEMENT aboutir à une solution politique. Le temps n’est plus où l’on pouvait « concéder » aux insurgés un statut. Ce dernier devra être négocié. Il impliquera presque certainement une redéfinition de la constitution de l’Ukraine, point sur lequel je tente d’attirer l’attention depuis le mois de mars.
La France pourrait jouer un rôle positif pour faire avancer ces deux points. Mais, pour cela, elle doit se défaire de ce carcan que l’on appelle une « politique européenne » et qui n’est en réalité que la marque de notre soumission à la politique américaine.
L’indépendance de la politique française serait en fait le meilleur argument pour que l’on trouve une véritable solution à la crise ukrainienne. Seule, cette indépendance, qui pourrait être réaffirmée dans notre attitude sur la question des sanctions, et notre décision de les considérer désormais comme caduques, nous permettrait de retrouver un pouvoir réel de négociation avec les uns comme avec les autres.
Cette indépendance serait une chance historique pour sauver le cessez-le-feu et aboutir à une réelle désescalade en imposant des négociations. L’absence de cette indépendance, notre soumission à une politique étrangère, est aujourd’hui un dramatique obstacle à la paix.