Près de deux mille personnes ont manifesté hier matin à Saint-Nazaire pour la défense de l’emploi dans les entreprises sous-traitantes des chantiers navals, concurrencées par le recours à une main d’œuvre étrangère à bas-coût salarial. Quand les méfaits du système mondial sont dénoncés par des syndicats acquis au mondialisme.
Si les chiffres des manifestants diffèrent – 1.100 selon la police et 2.000 selon les syndicats –, celui des emplois menacés chez les sous-traitants de la navale est incontestable : 254 salariés risquent en effet de perdre leur emploi à SMCO et SMCN (tuyauteries) et aux chantiers Baudet (aménagement intérieur de bateaux).
Dans un communiqué, l’intersyndicale CGT, CFDT, FO, CFTC FSU et CFTC de Saint-Nazaire a violemment dénoncé « la direction de STX France qui pratique largement cette politique de sous-traitance. » Selon elle « les chiffres parlent d’eux-mêmes : environ 30% des salariés de la sous-traitance viennent de pays à bas-coûts salariaux pour travailler sur les chantiers navals français ».
Bien que personne ne songe à les mettre en cause, certains responsables syndicaux ont pris la précaution d’appeler à ne pas stigmatiser les travailleurs étrangers. « Ne tombons pas dans la facilité en les accusant de tous les maux. Ne tombons pas dans ces messages de divisions et de haine prônés par le FN et utilisés depuis toujours par les serviteurs du grand capital », explique doctement Fabrice David, de la CGT, qui connait bien sa leçon et ne craint pas, à l’approche de l’échéance présidentielle, la caricature. Acquises à l’idéologie mondialiste, les organisations syndicales apparaissent en réalité quelque peu désarmées devant ce type de conflit remettant en cause un système mondial qui, en fonction de ses besoins, délocalise ou importe de la main d’œuvre étrangère à bon marché.
Quant aux « serviteurs du grand capital », ils persistent et signent : « Nous privilégions toujours le recours à nos co-réalisateurs locaux, mais il faut absolument que nous soyons moins chers pour décrocher des commandes », explique la direction de la société sud- coréenne STX, propriétaire des chantiers navals. Qui préfère donc s’adresser à des sous-traitants polonais pour des raisons de « disponibilité » (sic). « On ne peut pas donner du travail à tous » précise-t-elle encore mezzo voce. Tant pis pour les autochtones.