Le roi du Maroc Mohammed VI a répliqué mercredi soir aux récents propos du président algérien Abdelaziz Bouteflika sur le Sahara occidental, estimant que Rabat n’avait pas à recevoir de leçons, surtout de ceux qui bafouent systématiquement les droits de l’Homme.
Les deux pays voisins ont récemment connu une mini-crise diplomatique, avec le rappel durant quelques jours de l’ambassadeur du Maroc à Alger à la suite d’un discours de M. Bouteflika jugeant plus que jamais d’actualité la mise en place d’un mécanisme international de surveillance des droits de l’Homme au Sahara.
Cette ex-colonie espagnole est contrôlée depuis les années 1970 par Rabat mais est revendiquée par les indépendantistes du Front Polisario, avec le soutien de l’Algérie.
S’exprimant à l’occasion de la commémoration de la Marche verte sur ce territoire, en 1975, Mohammed VI a fait valoir que le Maroc refus(ait) de recevoir des leçons (...), surtout de la part de ceux qui bafouent systématiquement les droits de l’Homme.
"Quiconque souhaite surenchérir sur le Maroc n’a qu’à descendre à Tindouf, et observer dans nombre de régions alentour, les atteintes portées aux droits humains les plus élémentaires", a-t-il affirmé, en référence, notamment, aux camps de réfugiés sahraouis situés dans le sud-ouest de l’Algérie.
Le souverain chérifien a par ailleurs accusé les adversaires du royaume de recourir à l’argent et à d’autres avantages pour tenter d’acheter les voix et les prises de position de certaines organisations hostiles.
"Ils dilapident de la sorte les richesses et les ressources d’un peuple frère, que cette question ne concerne pas mais se dresse plutôt comme une entrave à l’intégration maghrébine", a-t-il ajouté.
Le différend entre Rabat et Alger sur le Sahara occidental entrave la mise en oeuvre de l’Union du Maghreb arabe (UMA).
Dans son discours, le roi du Maroc a également semblé viser les Etats-Unis qui, au printemps dernier, avaient élaboré un projet de résolution au Conseil de sécurité visant à élargir aux droits de l’homme le mandat de la mission de l’ONU dans la région (Minurso).
"Y a-t-il une crise de confiance entre le Maroc et certains centres de décision chez ses partenaires stratégiques, concernant la question des droits de l’homme au Sahara ?", a-t-il demandé.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry est attendu en début de semaine prochaine à Rabat, dans le cadre d’une tournée régionale qui l’aura préalablement mené à Alger.
Parallèlement à ce discours de fermeté, le roi du Maroc a assuré que son pays poursuivrait sa coopération avec le secrétaire général des Nations unies, son envoyé personnel (Christopher Ross, ndlr) et les pays amis, et évoqué le souhait de Rabat de trouver une solution politique définitive au conflit du Sahara.
Il a en particulier mis en exergue le programme de développement régional récemment élaboré par un organisme institutionnel, le Conseil économique, social et environnemental (CESE).
Le Maroc propose une large autonomie sous sa souveraineté au Sahara occidental, mais ce plan est rejeté par le Polisario, qui réclame un référendum d’autodétermination.
L’émissaire onusien, Christopher Ross, qui vient d’effectuer une nouvelle mission dans la région, avait jugé en mars dernier plus urgent que jamais le règlement de ce conflit face à l’insécurité croissante au Sahel.