Quarante ans après la mort du raïs égyptien et leader pan arabe, Jamal Abdel Nasser, l’éventualité de son assassinat refait la une. Avec comme principal accusé, son successeur, Anouar Sadate soupçonné de l’avoir assassiné de ses propres mains.
L’histoire est d’autant plus crédible que c’est le conseiller politique de Nasser, et ministre de l’information durant son mandat, Mohammad Hassaneine Haykal qui y fait allusion.
Dans son programme hebdomadaire sur la chaîne qatarie « Avec Haykal », diffusé depuis quinze jours, il a révélé pour la première fois que trois jours avant la mort du raïs, lors d’une discussion houleuse avec le chef de l’organisation de libération de la Palestine Yasser Arafat, dans son pavillon à l’hôtel Hilton, Sadate qui était alors vice-président lui a apporté une tasse de café et l’a fait boire de ses propres mains.
Observant toutefois que « personne ne peut croire ceci, car rien ne peut le prouver, car qu’il n’y a pas de preuve tangible ».
Depuis, c’est tout un tollé qui a été soulevé. De la part de la famille de Sadate, qui a menacé de porter plainte contre l’ancien rédacteur en chef du journal AlAhram. Selon la fille de Sadate, Roukaya, ce dernier ne savait pas faire de café. Selon le fils, Haykal est hanté par la haine de son père.
Certains parlementaires proches du régime se sont étonnés du retard de quarante ans à révéler cette donnée. Le médecin de Nasser, Dr. Sawi Habib a lui aussi adopté la position des Sadate, évoquant « un facteur génétique héréditaire derrière la mort subite et précoce du président de la république Jamal Abdel Nasser à l’âge de 52 ans, comme ce fut le cas de sa mère, de ses deux frères, de son oncle maternel et de son cousin maternel ».
En revanche, pour la famille du défunt, cette histoire est plus que plausible. D’ailleurs, la fille aînée de Nasser, Mme Hoda l’avait soulevée au début de ce mois, lors d’un entretien pour le journal qatari « Al-Arab ». Accusant Sadate d’avoir assassiné son père, et assurant détenir à l’appui de nouveaux documents qui seront publiés bientôt dans un livre. Mme Hoda assure ne pas être la seule à accuser le président égyptien qui a été le premier dirigeant arabe à avoir reconnu Israël, précisant que le Washington Post avait publié un article faisant allusion à cette éventualité.
Interrogé par le journal londonien arabophone AlQuds AlArabi, le fils du défunt, Abdel Hakim Nasser a dit connaître l’histoire de la tasse de café et demandé l’ouverture d’une enquête sur les circonstances de la mort de son père. Refusant de répondre à la question de savoir si la famille accepte de déterrer la dépouille de son père pour l’analyser, Abdel Hakim s’est dit assuré que la vérité sur la mort de son père éclatera un jour, même après un siècle : « Ceux qui ont empoisonné Napoléon Bonaparte n’ont jamais envisagé l’éventualité que leur crime soit dévoilé 150 après, grâce à la science ».
Abdel Hakim a dit soupçonner également un assistant de son père, Hassan Tahami, d’avoir caché des échantillons des cheveux et des ongles de son père. « Il y a beaucoup de questions sur la position de cet homme à l’égard de Nasser » a-t-il précisé.
Une fois à la tête du pouvoir, Tahami a été désigné par Sadate comme vice-premier ministre.