La main sur le coeur mais les poches vides, Bakchich ne pourra pas participer au dîner de SOS racisme en mars prochain. 300 euros le repas, dans l’ancien QG de campagne de Chirac en 2002. Avis à nos lecteurs friqués.

Un « rappel à la loi » n’engage en rien une cure de rappel à la décence. Trop heureux d’avoir échappé à une condamnation dans l’affaire des fonds suspects dont Julien Dray et SOS racisme étaient visés, Dominique Sopo, son président, remet le couvert et sabre le champagne. Deux petits mois après la décision du Parquet.

Le 1er mars prochain à 20h aura lieu « le dîner annuel des marraines et parrains de l’association ». Un raout annuel plutôt bon chic bon genre. Pas vraiment à attirer le manant. Le pince-fesse sera « l’occasion de remobiliser nos forces […] afin de collecter les fonds nécessaires au financement de nos ambitions » rappelle Sopo sur le carton d’invitation auquel Bakchich a été convié. La traque aux fachos nécessite plus que des vélib’ puisque chaque invité devra débourser 300 euros pour espérer grailler. Des frais de bouches à décourager le moindre salarié de notre petite entreprise de journalistes. Un brin crédule, nous leur demandons s’il est possible de faire un demi-tarif. Nous attendons toujours une réponse. Paraît-il que le prix fixé est le même chaque année. Rien à regretter donc.

Il faut bien avouer, jaloux que nous sommes, que le lieu fait rêver. Au « Tapis rouge », dans le 10ème à Paris. Un « carrefour de l’économie et de la création, dans les locaux du plus ancien grand magasin de la capitale » ou se déroule plus « de 1750 M2 d’espaces personnalisables et modulables avec de grands salons polyvalents entièrement climatisés de 50 à 1000 personnes. » Un endroit à faire du Fouquet’s une yourte pour sarkozystes. D’autant que le coin a le prestige de pouvoir afficher qu’il a été le « Siège de Campagne des Présidentielles 2002 de Mr Jacques Chirac. » Biberonné au Mitterandisme, SOS racisme ne pourra plus être accusé d’être l’antichambre du socialisme. Surtout que le « Tapis rouge » se targue également d’être la référence pour l’organisation de mondanités du « Crédit Lyonnais, du Crédit du Nord, de la BNP Paribas, la Bred, la Société Générale, la Caisse d’Epargne, et AXA Assurances ». Bref, le gratin banquier parisien.

Un brin obstiné, nous avons donc pensé pouvoir y fêter la sortie de notre nouvel hebdo. Avec Isabelle Adjani en présidente des « amis de Bakchich », difficile de nous refuser l’accès. « C’est 110 euros par tête hors taxes. Avec 200 personnes ça vous fera 22.000 euros ». On fêtera ça sous les néons blafards de la rédaction. En regardant SOS racisme à la télé.