Rassemblement autour de sa famille et de sa flamme le 18 juin à 15h pour une cérémonie au crematorium de Champigny-sur-Marne, accès par le RER A.
Limpide dans la noirceur du siècle, Roger Garaudy s’est éteint doucement le 13 juin 2012 chez lui, à Chennevières-sur-Marne. On avait cru le perdre en 2001, lorsqu’il avait été foudroyé par une double hémorragie cérébrale le jour même où il devait inaugurer la "Biblioteca Viva de Al Andalus" , la médiathèque moderne de sa Fondation Pour le Dialogue des Cultures, à Cordoue, en Espagne.
Tandis que sa famille le rapatriait en France dans un état extrêmement critique, il apprenait les attentats qui venaient de se produire aux USA le 11 septembre, et il en tirait le titre de son dernier livre, qui était prêt : "Le terrorisme occidental".
Tous les titres de livres de Roger Garaudy ont été des torches enflammées, des slogans, des trouvailles condensant les vérités les plus urgentes à dire dans chaque circonstance, et des bannières de ralliement autour d’idées très précisément incarnées, revêtues d’une silhouette définitive.
Toutes ses formules sont devenues, en peu de temps, les images mentales structurant l’appréhension commune de la nouveauté des temps, sont devenues l’expression simple et forte de l’évidence qui s’impose contre les sophismes et les langues de bois imposées, langues de misère, langues menteuses et polluantes.
"L’islam habite notre avenir", "avons-nous besoin de Dieu", le "monothéisme du marché", responsable de "un Hiroshima tous les deux jours" et bien sûr : "les mythes fondateurs de la politique israélienne". A peu de penseurs il est donné d’être à répétition celui qui brandit la foudre prophétique et qui éclaire de façon aussi aveuglante de façon continue durant une longue existence.
Né dans une famille modeste, protestante, marseillaise, Roger avait avant tout décidé de servir Dieu. Il le raconte très bien dans ses mémoires, publiées en 1989 chez Robert laffont, sous le titre "Mon tour du siècle en solitaire".
Extrêmement doué, passionné d’art et de philosophie, son Dieu exige de lui l’engagement pour la justice, et il deviendra de fait le ministre de la culture du communisme international, redécouvrant très vite que le marxisme et la révolution soviétique ne sauraient se passer de la dimension spirituelle traditionnelle de l’Europe, le christianisme.
Il dressa Jésus comme rempart contre le cynisme, et désigna par là même, en la personne de ses détracteurs, les esprits faux. Percevant toujours avant les autres, "à contre-nuit", les obscurantismes de son temps, il mit Jean-Paul Sartre en accusation, dénonçant à l’occasion de la parution d’un livre pervers de Sartre sur Flaubert la petitesse de l’auteur, au moment où Sartre, idolâtré, se laissait aller au narcissisme vicié, à la pente fourbe de l’intellocratie détournant les valeurs dont se réclame le commun des mortels.
Sartre occupait à ce moment là tout l’espace germanopratin, et dans le monde entier, chaque admirateur de la France se croyait tenu de voir en lui la quintessence de l’esprit français. Brutalement, sainement, Garaudy montra qu’il n’était qu’une petite copie d’un petit bourgeois flaubertien ridicule, un monsieur Homais bovarysant dans le jargon professoral de l’après-guerre.
Garaudy a d’avance réglé leur compte à tous les héritiers de la pose sartrienne, par exemple à notre pitoyable Bernard Henri Lévy, celui qui se croit capable de raser, par le prodige de son verbe à col immaculé, tous les pays qui donnent des démangeaisons à Israël.
Le philosophe dont se réclamait Garaudy était Gaston Bachelard, celui qui, dans la tradition française, restaura la logique esthétique, les pleins droits de la pensée par l’image, la fulgurance de ce qui accorde le cœur avec l’intellect, le besoin vital de liberté dans la recherche de la beauté, la nécessité, pour la santé mentale, de la communion esthétique, bien plus que de la performance intellectuelle.
Avec Garaudy, le divorce européen entre religion et philosophie, comme la prétendue opposition entre l’art et la raison, se résolvent en résonnance illimitée, d’un "réalisme sans rivage" . Et c’est la redécouverte de cette harmonie possible, de cette conjonction naturelle, mais déclarée tiers exclu par le rétrécissement de la pensée européenne officielle, qui l’avait amené à l’islam, et à l’extrême puissance de synthèse de la langue arabe, pour exprimer l’unité symphonique des registres de la connaissance.
Le talent avait été donné à Garaudy, et le courage, et le sens absolu du devoir principal auquel il faut subordonner toutes ses capacités. Tout jeune, la vie lui donna l’occasion de vivre une sorte de baptême définitif, il vécut un moment exceptionnel qui devint le hiéroglyphe de son destin, et qu’il sut interpréter comme tel.
Arrêté pour faits de résistance, déporté en Algérie à ce titre, il se retrouva en 1943 face à un peloton d’exécution, pour avoir chanté en l’honneur d’un groupe de nouveaux arrivants dans le camp de concentration, des combattants des brigades internationales. Ils étaient trois devant lui et ses camarades, les "meneurs de la mutinerie", il reçurent l’ordre de faire feu, et ils abaissèrent le canon de leur fusil. C’étaient des musulmans, de la confrérie des ibadites réfugiés à Djelfa depuis plus de mille ans, qui exposèrent simplement que l’islam leur interdisait de tirer sur des hommes désarmés.
Ainsi les communistes furent sauvés par des Algériens, et ils prirent sur eux, tout naturellement, le châtiment, mais le commandant ne fit au final fusiller personne. Roger Garaudy racontait qu’il avait par la suite revu l’un de ces trois hommes simplement purs qui lui avaient sauvé la vie. Exactement comme eux, Roger Garaudy voua sa vie au salut in extremis d’inconnus, de ses concitoyens surtout, les Français en danger de mort spirituelle.
C’est avec la stature du rédempteur qu’il entrera dans la légende, et c’est avec son dernier acte de résistance, lorsqu’à 83 ans il publie le livre qui le fera fusiller en effigie, glorieusement, comme un martyr, en France, par la France asservie au lobby israélien : Les Mythes fondateurs de la politique israélienne, publié par les héroïques éditions de la Vieille Taupe en 1996.
Dans ce livre il fait le lien entre la lecture littérale de certaines pages purement tribales, sanguinaires et barbares de la Bible, dont l’État israélien tire officiellement ses mythes fondateurs, avec les mensonges imposés par les sionistes quant au récit des relations entre juifs et nazis. C’était restaurer, dans la réflexion anticolonialiste occidentale, la plénitude du devoir de vérité, et la plénitude de l’esprit face au déterminisme économique, dans lequel se sont enlisés les marxistes.
C’était extrêmement important, parce que Garaudy expliquait, le premier, que les histoires de chambre à gaz et autres savonnettes humaines, et que l’inflation exorbitante du chiffre des victimes juives, étaient probablement une arme de la propagande de guerre des années 1940 devant servir de base pour une entreprise d’hypnose collective, destinée à terroriser les générations suivantes, et à leur faire avaler toutes sortes de mensonges monstrueux à venir, au profit exclusif d’une infime minorité d’Européens déterminés à abuser de toute puissance, à partir d’une base symboliquement fixée à Jérusalem.
La geste de Garaudy était surhumaine, au cœur de l’Occident impérial et meurtrier. Il est des gestes créateurs qui changent non seulement les rapports de force, mais la nature du champ de bataille, et donnent brusquement l’avantage à celui qui était en position de faiblesse.
Par son acte héroïque, Garaudy a créé le terrain, le seul terrain solide, où se retrouvent depuis lors, en combattants solidaires, chrétiens et musulmans, Européens et Africains, extrême rigueur scientifique et bon sens populaire, patriotes de chaque pays et humanistes réellement respectueux de la famille humaine entière.
Depuis longtemps, Garaudy savait que même pour un communiste, il était indispensable de respecter certaines grandes voix de l’autre pôle idéologique. C’est en tant qu’adversaires politiques et députés tous deux à l’Assemblée nationale, que l’abbé Pierre et lui avaient commencé à travailler ensemble.
Se retrouver de fait aux côtés des révisionnistes marqués, voire parqués dans l’étroitesse mentale, par la pensée d’extrême-droite, ne gênait pas Garaudy. Sa clairvoyance lui disait que sa position marginale était un épiphénomène passager, que sa posture œcuménique, voire syncrétique, deviendrait bientôt celle de la majorité, bien au-delà de la France.
Effectivement, l’antisionisme, depuis le sacrifice de Garaudy, est devenu, dans le meilleur sens du terme, le lieu commun de l’honnêteté, dans chaque pays, dans chaque classe sociale, dans chaque horizon religieux, y compris le judaïsme, comme le proclament glorieusement les rabbins kamikazes de Neturei Karta, et tout bas, tellement de descendants de familles plus ou moins imprégnées de judaïsme.
"La résurrection, c’est tous les jours" : encore une des formules magiques de Garaudy. Il n’est de véritable religion que bâtie sur ce credo, il n’est pas de véritable pensée dépassant le cynisme ordinaire qui ne repose sur cette certitude de vie. Roger Garaudy le grain de sésame qui ouvre toutes les portes aux prisonniers des dogmes, le frontal, le généreux, avait choisi, à l’âge où d’autres s’enlisent douillettement dans la vieillesse, d’affronter l’opprobre, l’insulte, les déboires judiciaires, la honte, l’incompréhension et la diffamation, parce qu’il savait que son temps avait besoin de lui pour ce rôle là, ce rôle christique-là, très précisément.
Avec une allure unique, chevaleresque, impeccable, droit dans sa haute stature majestueuse, fidèle à son profil romain d’homme du droit, jamais il n’a exprimé la moindre plainte ni récrimination ni colère contre les juifs qui se sont jetés en meute contre lui, et ont tenté d’ameuter contre lui tous les autres, ce même groupuscule influent qui avait réussi à faire fuir les éditeurs, dès 1982 et ses premières positions de soutien aux Palestiniens, ce même groupuscule qui en 1990 avait fait voter en loucedé une loi anti-constitutionnelle expressément pour empêcher quiconque de proclamer la vérité la plus urgente, pour le faire taire lui et tous ceux qui avaient à cœur de défendre l’honneur des vaincus de la Deuxième Guerre mondiale, en particulier l’historien Robert Faurisson pionnier : la loi Fabius Gayssot que brave désormais la jeunesse de France massivement grâce à l’exemple de Roger Garaudy.
Le groupuscule juif sioniste est armé, il a ses agents tout près de la présidence de l’Etat français, il manigance tous les jours, et il a ses tueurs bien connus de la police ; c’est le même qui monte constamment des scénarios pour faire accuser les musulmans de tous les crimes, et dès la fin 1995, avant même que le livre scandaleux de Garaudy paraisse, il avait dressé l’Etat contre lui, et les magistrats, et les universitaires, et les groupuscules gauchistes parmi les étudiants.
On aurait même pu croire que le frère Garaudy n’était pas conscient, tant il est resté modeste, du coup mortel qu’il avait porté à l’entité usurpatrice qui prétend traiter le monde entier comme le pseudo-État israélien traite les Palestiniens et ses voisins. Nous portons aujourd’hui le triomphe de Garaudy, le triomphe de la pensée réconciliée avec l’honnêteté.
C’est autour de lui que les révolutionnaires de tout horizon peuvent entrer dans la résistance ensemble, et déclarer l’abolition des privilèges indus de l’ancien régime qui a atteint son zénith sous Sarkozy, et la fin des usurpations qui se réclament, le plus officiellement du monde, du judaïsme : usurpation financière et politique, usurpation du discours, usurpation de la pratique scientifique, volonté d’écrasement militaire du monde entier pour autant qu’il ne se soumet pas à Israël.
Aucun peuple ne peut choisir de se soumettre à Israël, aucune personne au monde ne choisit l’esclavage. Ceux qui ont été dans leur chair le plus écrasés d’esclavage sont ceux qui le savent le mieux, le plus profondément, le plus sincèrement.
Roger Garaudy n’a cessé d’élargir son horizon, tout au long de sa vie, découvrant, après le protestantisme, l’athéisme comme ascèse, puis avec Kierkegaard le catholicisme, après le communisme thorezien, empreint de christianité, les meilleurs penseurs anticommunistes, après la pensée européenne la plus claire l’Orient, puis l’islam "la religion dominante parmi les dominés", après les lumières de ceux qui se prennent pour le nord devant guider l’humanité la "civilisation des tropiques", puis enfin, la haute spiritualité qui unit l’Afrique noire, la plus humiliée, la plus décriée.
Qu’il repose, notre frère Roger, dans la gloire aux côtés des prophètes qui ont choisi de servir les plus humbles, partout et en tout temps.
Maria Poumier, à Paris, le 15 juin 2012