Tariq Ramadan a saisi l’opportunité d’un panel organisé vendredi à Dakar, en prélude au Colloque international musulman dans l’espace francophone, prévu du au 23 au 26 août prochain, dans la capitale sénégalaise, pour dire à qui veut l’entendre que « ce n’est pas parce qu’on est homosexuel qu’on n’est pas musulman ».
Le thème du panel de vendredi était « Éthique, gouvernance et citoyenneté ». Sauf que le débat sur l’homosexualité s’est invité au plateau. Et l’islamologue, théologien, par ailleurs professeur à l’université d’Oxford, a saisi l’opportunité pour donner un avis complètement à l’encontre des principes en « vigueur au Sénégal ».
« Avoir le discours de la responsabilité et éviter de juger »
En effet, dans un pays avec une population composée de 95 % de musulmans radicaux quant à une quelque reconnaissance d’un statut d’homosexuel, il faut être courageux, oui, très courageux pour oser intégrer les gays dans les rangs des « adeptes à l’islam ». Et c’est que le Suisse d’origine égyptienne a fait en confiant que « ce n’est pas parce qu’on est homosexuel qu’on n’est pas musulman ». Une sortie qui continue de susciter des commentaires dans le pays. Tariq Ramadan ne s’est pas arrêté en si bon chemin. En effet, selon nos confrères de L’As, l’universitaire a attaqué les médecins qui oseraient rechigner de soigner un malade, parce qu’il serait un homosexuel. « Tous les savants sont unanimes sur la question. L’islam interdit l’homosexualité, à l’instar de toutes les religions monothéistes. Mais, être homosexuel ne veut pas dire qu’on n’est pas musulman. Il n’y a pas de chasse aux sorcières », a noté Tariq Ramadan, qui va plus loin. « Il faut avoir le discours de la responsabilité et éviter de juger », note le professeur d’université.
Sortie de Tariq Ramadan dans un climat assez tendu
Cette sortie qui intervient dans un contexte assez tendu, n’est pas bien appréciée par la quasi-totalité des Sénégalais. L’on sait que le séjour au Sénégal du président de la nation la plus puissante au monde, en l’occurrence les États-Unis, a failli être gâté du fait de cette question de l’homosexualité à laquelle les Sénégalais sont, pour la plupart, réfractaires. Barack Obama avait osé soulever la question de la dépénalisation de l’homosexualité et avait vu son homologue sénégalais lui opposer un niet catégorique. Outre ce « non » ferme quant à la dépénalisation de l’homosexualité au Sénégal, Macky Sall a jeté dans le jardin du président des USA un pavé capable d’abattre un mammouth en pleine forme. Le Président du Sénégal avait en effet souligné que certains États des USA appliquaient la peine de mort abolie au Sénégal depuis très longtemps. L’on comprend aisément que le discours de Tariq Ramadan a heurté plus d’un et été perçu comme une bombe larguée dans le pays.
« On ne peut chasser les homosexuels des mosquées »
À noter que ce n’est pas la première fois que Tariq Ramadan tient ce discours. Le dimanche 26 mai dernier, il était invité de l’émission Hondelatte Dimanche, diffusée sur la Chaîne 23. Le thème « Homosexuel et bon musulman », avait été le prétexte pour l’islamologue de donner sa position ferme. « Dire que l’homosexualité n’est pas acceptée par l’islam ne veut jamais vouloir dire condamner la personne. Je respecte qui vous êtes, je ne suis pas d’accord avec ce que vous faites », déclarait Tariq Ramadan qui était sur le plateau face à Ludovic-Mohamed Zahed, fondateur des associations Homosexuels musulmans de France (HM2F) et de Musulmans progressistes de France (MPF). Le Suisse avait enfoncé le clou en soulignant qu’il ne devrait « pas être permis à un imam ou à n’importe quelle autorité religieuse d’interdire l’entrée d’homosexuels dans les mosquées ». Trois jours après, cette sortie de Tariq Ramadan fait encore débat au Sénégal.