Des querelles récurrentes entre des réfugiés subsahariens et des mendiants « autochtones » ont dégénéré, au lendemain de l’Aid el Fitr, en affrontements violents dans le quartier périphérique de Oued Aissi, à Tizi Ouzou.
Selon un officier de police, des groupes d’individus, habitant le bidonville de Oued Aissi, ont convergé dès le premier jour de l’Aid, vers les places publiques où plusieurs réfugiés subsahariens ont pris l’habitude de s’installer pour solliciter la générosité des passants.
Armés de gourdins et, pour certains d’armes blanches, les agresseurs se sont rués sur les réfugiés en leur intimant l’ordre de quitter la ville s’ils veulent avoir la vie sauve. La promptitude de l’intervention des services de sécurité a permis d’éviter le pire, d’autant que le gros du contingent de réfugiés maliens, est constitué en majorité de femmes et d’enfants en bas âge.
De toutes les places publiques fréquentées par les mendiants « professionnels » originaires du bidonville de Oued Aissi, ce sont les rues qui ceinturent la maison de l’Artisanat qui font le plein dès les premières heures de la journée.
« C’est le point de ralliement », nous explique Mouloud, un cafetier du quartier. « Avant, les habitants du bidonville arrivaient par les fourgons de transports publics, ensuite ils se répartissent dans la ville. Mais depuis l’arrivée des Syriens et maintenant des Maliens et des Nigériens, c’est tous les jours la bagarre », ajoute-t-il.
Repenser le dispositif
Lors de son passage dans la capitale du Djurdjura, à la vielle de la célébration de la fête de l’Aïd, la ministre de la Solidarité nationale et de la famille, Mounia Meslem, a déclaré à propos des réfugiés syriens, maliens et nigériens que « des instructions ont été données aux responsables d’établissements scolaires pour inscrire leurs enfants et leur permettre de poursuivre des études ». Évoquant les actions de son département, la ministre a déploré que nombre de ces réfugiés aient refusé de rejoindre les espaces qui ont été mis à leur disposition par l’Etat.
Comme dans les autres villes du pays, ces réfugiés ont pu, pendant le mois de Ramadhan, se restaurer convenablement à travers les restaurants Rahma et les initiatives de citoyens. L’afflux de ces populations vulnérables chassées par la guerre et la misère risque d’exploser avec l’exacerbation de la situation en Syrie et en Irak ainsi que le chaos qui se déroule en Libye.
Malgré son aisance financière, l’Algérie n’est pas préparée à recevoir ces flux importants de réfugiés, d’autant que l’évolution de la situation dans ces pays d’origine ne laisse pas augurer d’un retour rapide à la paix et la stabilité.
Les incidents de Tizi-Ouzou doivent être pris comme une alerte pour repenser le système d’accueil des réfugiés dans sa globalité, étant entendu que le pays ne peut pas tourner le dos à cette détresse humaine.