Juin 2007. À Gaza, le Hamas conduit une offensive contre le Fatah du Président Mahmoud Abbas. Suite à des affrontements violents, Abbas, soutenu par la majorité des puissances occidentales, dissout le parlement, limoge le gouvernement et décrète l’état d’urgence. Le nouveau gouvernement formé le 17 juin n’est pas reconnu par le Hamas.
En France, le 24 juin, Alain Finkielkraut est invité sur RCJ (Radio de la communauté juive) pour s’exprimer sur « la crise à Gaza ». Après avoir posé la question de la possibilité d’un État palestinien, le futur académicien relate sa lecture d’un article de Gunnar Heinsohn dans Le Monde, dans lequel il a « appris quelque chose », en l’occurrence « l’expansion délirante de la démographie » à Gaza. Commentant sa trouvaille, Finkielkraut hasarde alors une explication de l’islamisme qui arrange bien les affaires sionistes : si l’islamisme se développe en Palestine, c’est parce que les Palestiniens font trop d’enfants, pardi !
« On met au monde continûment des enfants qui n’ont aucune place dans le monde. Production effrénée d’hommes excédentaires, d’hommes surnuméraires.
On se demande, et nous nous posons sans cesse la question, si l’islamisme est une conséquence de l’islam, du Coran. Mais je crois que la démographie, telle qu’elle nous est ici décrite, nous aide à affiner le raisonnement et à dépasser l’essentialisme : l’islam radical est ce qui arrive à l’islam quand la démographie est incontrôlée. [...] Le jihad, si vous voulez, c’est la rencontre de l’islam et de la quantité. Si vous voulez, la violence radicale et suicidaire, c’est l’exutoire des hommes en trop. »
On traduit : le problème des Palestiniens, c’est à la fois l’islam et leur tendance à faire des enfants sans la permission de la Kommandantur israélienne. La question démographique rend Finkielkraut d’autant plus nerveux qu’elle représente un réel problème pour les Israéliens juifs, dont la population croît moins vite que celle de leurs encombrants « voisins » et qui seront donc mathématiquement dépassés en nombre dans les années à venir. Mais on remarque surtout que la question de la taille du territoire palestinien, immédiatement concomitante à celle de la surpopulation, n’est pas abordée par le philosophe-démographe, pas plus que celle des conditions de vie imposées par les Israéliens aux Palestiniens – et aux Gazaouis en particulier.
Certains ont expliqué l’émergence de l’islamisme en Palestine par la volonté d’Israël de diaboliser la résistance palestinienne, allant jusqu’à dire que le Hamas est une création du Mossad. En France, la « diaspora » se charge bien, en tout cas, du service après-vente.
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