Les élections présidentielles au Nigéria se sont déroulées samedi et prolongées dimanche à cause de dysfonctionnements techniques.
Le dépouillement qui a lieu aujourd’hui doit départager les deux favoris (photo ci-contre), le président sortant chrétien Goodluck Jonathan du PDP (Parti démocratique populaire) et son rival, le général musulman Mohamed Buhari de l’APC (Congrès Progressiste).
La Commission électorale nationale indépendante (INEC) a commencé ses travaux. Les premiers résultats, issus de 8 États sur 36, dont la capitale, donnent vainqueur M. Buhari dans 5 États, mais attribuent à M. Jonathan près de 20 000 voix d’avance.
Commentant le déroulement général du suffrage, le secrétaire d’État étasunien et le ministre des Affaires étrangères britannique, John Kerry et Philip Hammond, dans un communiqué commun, ont dénoncé des irrégularités :
« Nous disposons d’indications dérangeantes concernant le dépouillement […] qui pourrait être sujet à des interférences politiques délibérées. »
Pour Santiago Fisas Ayxela, chef de la mission d’Observation de l’Union européenne :
« Le vote a été libre […] on s’est surtout aperçu que les gens avaient une envie énorme de voter, et pour cela, il faut féliciter les Nigérians. »
Même appréciation pour l’Union africaine. Cependant, le partisans des deux favoris au poste suprême s’accusent mutuellement de fraude sur les réseaux sociaux, en présentant des photos de présumés membres de la commission électorale pris en flagrant délit de triche. À Port-Harcourt, dans l’État de Rivers, 2 000 militants de l’APC, contestant la régularité du scrutin se sont massés devant la commission électorale locale. Le rassemblement a dégénéré en émeute : la police a fait usage de gaz lacrymogène.
Le pays est coutumier d’émeutes postélectorales : en 2011, près d’un millier de morts avaient été dénombrés.
Profitant du climat de tension lié aux opérations électorales, une colonne de Boko Haram a mené une attaque samedi matin contre la ville de d’Alkaleri, où la milice a brûlé des bâtiments publics, dont un commissariat, les locaux de la commission électorale et plusieurs postes de contrôle de cette agglomération de plus de 300 000 habitants. Les miliciens ont, quelques heures plus tard, investi la ville de Kirfi, dévastant les bureaux de vote et détruisant le matériel électoral. Enfin, une colonne d’une vingtaine de véhicules, lourdement armée, a établi dimanche un campement près de la ville de Bauchi, en prévision de son invasion.
L’armée nigérianne a entrepris d’anéantir la position jihadiste par une opération terrestre appuyée par des frappes aériennes et de déloger également la secte du village de Dungulbe, non loin de là.