Mahmoud Abbas, le leader de facto de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée, a déclaré à des journalistes et à des hommes d’affaires israéliens que sa collaboration avec les forces d’occupation israéliennes était « sacrée » et continuerait même si l’AP forme un « gouvernement » soutenu par le mouvement Hamas [résistance islamique].
« La relation de sécurité ... et je le dis devant tous, la coordination de la sécurité est sacrée. Et nous allons continuer, que nous soyons en désaccord ou en accord sur la politique », a déclaré Abbas devant 300 Israéliens en visite à son quartier général de Ramallah cette semaine.
On peut voir Abbas faisant ses remarques dans cette vidéo, publiée par le journal Al-Quds.
Connu par euphémisme sous le nom de « coordination de sécurité », les services de renseignement et la police de l’AP travaillent en étroite collaboration avec les forces d’occupation israéliennes et le Shin Bet, la police secrète israélienne, dans le but de réprimer toute résistance palestinienne à l’occupation.
Cette étroite collaboration entre l’occupant et l’occupé a été récemment saluée par Martin Indyk, le lobbyiste israélien en charge du « processus de paix » et nommé à ce poste par le président américain Barack Obama.
« Les IDF [Forces de défense israéliennes] et le Shin Bet apprécient grandement aujourd’hui » ce que fait Abbas avec eux, a dit Indyk devant un lobby pro-israélien de à Washington plus tôt ce mois.
Ce n’est pas la première fois que Abbas s’engage publiquement dans la lutte contre les Palestiniens.
En 2012, il a imploré une délégation de lobbyistes pro-israéliens de l’aider à obtenir des armes d’Israël pour faire stopper la résistance. Il utilisa à cette occasion la terminologie israélienne et américaine, en qualifiant la résistance de « terrorisme ».
« S’ils m’aident à obtenir des armes, je les aiderai parce que je fais la promotion de la sécurité », a déclaré Abbas aux Israéliens.
Ses dernières remarques sur la « coordination de sécurité » sont susceptibles d’être une source d’embarras, même pour les membres de sa faction du Fatah .
Dans une tentative apparente de dissocier le mouvement des commentaires d’Abbas, Omar Hroub, un membre du Conseil révolutionnaire du Fatah, a déclaré à Arabs48 que Abbas parlait en sa qualité de « président » de « l’État de Palestine ».
Oslo
Dans ses remarques de cette semaine, Abbas a également salué les accords d’Oslo de 1993, maintenant largement considérés par les Palestiniens comme une catastrophe qui a vu l’Organisation de libération de la Palestine [OLP] se transformer en sous-traitant de la sécurité des occupants, tandis qu’Israël continuait sans relâche à coloniser des terres palestiniennes.
« Certains ont attaqué Oslo depuis le début et s’y sont opposés ... et je ne sais pas pourquoi », a déclaré Abbas. « C’était un bon point de départ. C’était la première fois que nous avions un dialogue, nous nous sommes assis ensemble. C’était la première fois que j’ai vu mon ami Shimon Peres dans le jardin de la Maison Blanche. »
Abbas a provoqué la consternation parmi les Palestiniens dans un certain nombre d’occasions récentes, comme lorsqu’il a publiquement renoncé au droit au retour des réfugiés palestiniens, et déclaré son opposition au boycott d’Israël.
Résistance ou collaboration ?
L’engagement renouvelé d’Abbas à collaborer avec l’occupant met en relief les différences et les contradictions profondes et de longue date entre le Fatah et le Hamas, qui sont en train de négocier la formation d’un « gouvernement d’unité nationale. »
Plus tôt cette semaine, Ismail Haniyeh du Hamas, le responsable de facto de l’Autorité palestinienne dans la bande de Gaza et la dernière personne à avoir été tout à fait légalement désignée comme Premier ministre palestinien, a rappelé lors d’un rassemblement dans la ville de Rafah que le fait de s’associer avec Abbas ne signifiait pas l’abandon de la résistance.
« La réconciliation palestinienne vise à unir le peuple palestinien contre l’ennemi principal, l’ennemi sioniste », a déclaré Haniyeh. « Elle a pour but de suivre le choix de la résistance et de la fermeté. »
Ce sera sans aucun doute quelque chose de neuf pour Abbas qui considère l’union avec « l’ennemi sioniste » pour écraser la résistance palestinienne, comme son devoir « sacré ».
L’insistance d’Abbas sur la « coordination de sécurité » avec Israël aura émergé comme un obstacle majeur à la dernière minute dans les négociations sur le gouvernement.
Haniyeh a annoncé qu’il quittera et remettra l’administration de Gaza à un Premier ministre nommé par Abbas et à un cabinet soutenu par le Fatah et le Hamas, et supposé indépendant des deux mouvements.