Le dossier dit d’Outreau s’est inscrit dans l’histoire judiciaire et dans notre mémoire commune avec cette image de femmes et d’hommes broyés par une institution arrogante et insensible à leurs protestations.
Cette affaire n’est pourtant pas, comme on l’entend trop souvent, le symbole de l’erreur judiciaire, car au sens strict il n’y en a eu aucune, aucun innocent n’ayant été définitivement condamné dans ce dossier.
Mais ce dossier demeure, pour chacun de nous, une « catastrophe judiciaire » ou un « désastre pénal » pour reprendre les termes d’André Vallini, Président de la commission d’enquête parlementaire chargé d’en tirer les leçons (1)
Les cris de ceux qui protestaient de leur innocence ont fini par masquer ceux des enfants qui sont les véritables victimes de ce dossier et dont la parole et la douleur est devenue totalement inaudible.
On a habilement opposé à la lecture du dossier la « magie de l’audience » qui aurait permis de l’éclairer.
C’est dans une sérénité retrouvée, lors d’une audience de rédemption collective à Paris (2), que l’on a pu démontrer que cette affaire n’était qu’une somme de manipulations et d’incompétences, personnalisée par un juge arrogant et inhumain qui aurait, presque à lui seul, engendré cette catastrophe judiciaire.
Mais qu’en est-il de cette « magie » quand elle se révèle être construite sur des manipulations de la réalité, utilisées comme des paravents pour masquer ce qui a été dit ou vérifié de façon objective ?