Le 9 octobre 1989, quelque 70 000 personnes manifestaient à Leipzig en ex-RDA pour la liberté. Jeudi soir, des dizaines de milliers de personnes ont commémoré cet épisode qui allait faire vaciller le Mur de Berlin un mois plus tard.
Des dizaines de milliers de personnes ont célébré jeudi soir à Leipzig (est), bougie en main, le 25ème anniversaire d’une manifestation dans l’ex-RDA communiste. Elle a fait vaciller le Mur de Berlin, un mois jour pour jour avant son ouverture.
À l’issue d’une journée de commémoration souvent émouvante, la foule s’est retrouvée à la nuit tombée sur la place Auguste, qui il y a 25 ans s’appelait Karl-Marx, où les présidents polonais, hongrois, tchèque et slovaque ont tour à tour salué cet épisode décisif de la fin du bloc communiste.
Puis les manifestants ont refait les 3,6 km sur périphérique de Leipzig, comme l’avaient fait le 9 octobre 1989 quelque 70 000 personnes contre lesquelles, à la surprise générale, Stasi (police politique) et armées est-allemande ou soviétique n’ont pas essayé de lutter.
Ces célébrations se sont déroulées alors que les tensions entre l’Occident et la Russie, sur fond de crise ukrainienne, ont réveillé les pires souvenirs de la Guerre froide, comme l’ont évoqué plusieurs intervenants.
Les ailes de la liberté
Le succès de cette manifestation il y a 25 ans avait donné des ailes aux Allemands de l’Est, qui sont descendus de plus en plus nombreux dans la rue jusqu’à l’annonce, le 9 novembre au soir, qu’ils étaient autorisés à voyager comme ils le voulaient.
« Sans le 9 octobre il n’y aurait pas eu le 9 novembre. La liberté a précédé l’unité », a lancé le président de la république allemand Joachim Gauck, qui était alors pasteur militant des droits de l’homme à Rostock (nord), lors d’une cérémonie officielle dans la Gewandhaus, la salle de concert de Leipzig.
M. Gauck a choisi de commémorer cette soirée « magique », selon lui, alors que l’Allemagne officielle fait cette année plutôt profil bas pour le 25ème anniversaire du 9 novembre.
Prières pour la paix
En fin d’après-midi, un service était organisé en l’église Saint-Nicolas, le temple protestant où le pasteur Christian Führer, mort en juin, avait organisé dès 1982 des prières pour la paix. Au début, seule une poignée de fidèles y participaient, mais à l’automne 1989, comme ce jeudi, la foule débordait dans les rues avoisinantes.
La détermination des manifestants qui clamaient « Keine Gewalt » et « Wir sind das Volk » (« pas de violence », « nous sommes le peuple ») avait paralysé la redoutable Stasi.