L’Eglise fête cette première semaine de Janvier , Geneviève la sainte patronne de Paris.
Sa foi et son courage en 451 permit de maintenir à l’age de 28 ans la cohésion des parisiens face à Attila et ses hordes de Huns. En 465, elle s’opposera à Childéric Ier qui met le siège, en parvenant à ravitailler plusieurs fois la ville, en forçant le blocus. Ce n’est qu’en 486 que Clovis s’emparera de Lutèce et lui redonnera son ancien nom en 508 « Parisii » : Paris , et son titre de capitale.
Geneviève est à cheval sur deux époques sa résistance appartient encore à l’ère gallo romaine. Elle est l’exemple de ce qu’est le patriotisme en politique.
Originaire de Nanterre, sa vie consacrée à la prière ne l’a pas empêchée de participer à la gestion de la vie municipale dans ce qui était à l’origine du Conseil de Paris. Face à la menace d’Attila qui approchait, Geneviève dut faire face à la panique des élus municipaux et des notables qui ne pensaient qu’à fuir, sa foi et sa force de caractère sauvegardèrent l’unité.
Elle mourut à l’âge de 89 ans ! Un an après la mort de Clovis. Celui-ci exigera que ses restes puissent reposer prés de Geneviève, ce qui est assez inouï pour un chef franc, demander d’être enterré prés d’une femme ! Geneviève fut pour Clovis et Clothilde, la référence vivante. Si Clovis inaugura l’histoire institutionnelle de la France, Geneviève en est l’âme inspiratrice, l’initiatrice de la conscience patriotique.
La dévotion populaire ne s’est pas trompée en entretenant un culte près de ses reliques ainsi qu’à l’église de Nanterre, cette mémoire est confirmée par les déplacements aussi bien de Louis IX que de Louis XIII. C’est ainsi que s édifie peu à peu le sentiment d’unité nationale.
Non point une idée abstraite mais la réaction vitale face à un ennemi.
C’est parce qu’il y a menace extérieure que la nécessité d’une solidarité naît pour transcender les intérêts particuliers. C’est incorrect de dire que les Huns menaçaient la patrie, mais c’est leur danger qui permit la naissance du sentiment patriotique.
Il faut d’abord un ennemi clairement identifié par un peuple pour qu’ensuite naisse le sentiment patriotique, non il n’est pas inscrit dans les gènes d’une race, mais le fruit progressif d’une prise de conscience collective. Elle fut amorcée par une femme pieuse, citoyenne issue d’une culture gallo-romaine qui dut se battre contre des notables, prêts aux pires bassesses. Son plus pesant combat fut de convaincre les notables. L’obstacle à l’unité face au danger barbare vint d’eux, amorce de la classe bourgeoise des possédants.
Il n’y a pas lieu d’être nationaliste par nostalgie mais de défendre notre Bien Commun. C’est soit une myopie, un aveuglement historique de doux rêveurs ou plus grave une collaboration indigne que de seriner que la notion de patrie est caduque.
C’est l’existence première de l’ennemi qui nécessite par réaction le sentiment patriotique. L’Eglise de Vatican II serait bien avisée de méditer la foi de cette sainte. Beaucoup de chrétiens ne comprennent plus que le message évangélique n’interdit pas le courage de se battre, de risquer sa vie contre un ennemi. Et surtout de nommer l’ennemi, à les entendre il n’y aurait plus d’ennemi. L’Evangile ne nie pas la réalité de l’ennemi mais dit de l’aimer. Mais de quel genre d’ennemi parle-t-on ?
Il faut rendre sur ce point hommage à Carl Schmidt qui a montré l’importance du clivage ami-ennemi en politique. Ainsi, l’Eglise pendant des siècles connaissait son latin et son grec, langue qui rédigea les évangiles. L’ennemi n’est pas l’adversaire privé, pour qui on a de l’antipathie.
Les passages bien connu dans l’Evangile : « Aimez vos ennemis » se dit « diligete inimicos vestros » du grec « echthros », ici, il n’est pas fait allusion à l’ennemi politique, sinon nous aurions « diligete hostes vestros » renvoyant à « polemos » en grec.
Les grecs et les latins avaient deux mots courants qui renvoyaient ainsi à des réalités différentes, ce que notre français ne peut rendre compte. Voilà ce qui a fait du guerrier un chevalier chrétien, respectueux de la valeur de l’ennemi.
En combattant l’ennemi je ne le hais pas pour autant. Une personne "hostile" ne m’est pas de fait antipathique, difficile aujourd’hui de l’entendre. C’est cette antipathie qui empoisonne psychiquement l’existence quotidienne que l’Evangile condamne. Aujourd’hui cette nuance essentielle est perdue : ainsi l’OTAN pour justifier une guerre près de l’opinion a besoin de faire haïr l’ennemi en le diabolisant. Nos guerres modernes sont celles des notables, et non des guerriers.
Sous Geneviève, ces notables étaient bien minoritaires. Les chrétiens, ouverts au libéralisme de Vatican II, ne comprennent plus ainsi l’Evangile et préfèrent « dialoguer » avec les instances mondialistes. Ils ne comprennent plus le sens évangélique ni de Geneviève encore moins de Jeanne d’Arc, ni d’un Lyautey. Ils diront avec leurs évêques « cela nous parle moins », expression très ’’tendance’’...
Pourtant en Amérique du Sud, un militaire, Hugo Chavez, ne cesse de supplier la grâce du Christ et de la Sainte Vierge !