Intéressante "conférence".
Si Madame Sigaut me lit, tout d’abord je lui souhaite la bonne année et mes meilleurs voeux (comme à tous ceux qui lisent ce message, d’ailleurs), mais j’aimerais aussi faire remarquer une chose :
il y a incohérence à prétendre qu’il relève de la justice laïque de condamner le coté blasphématoire de la profanation du crucifix du Pont-Neuf d’Abbeville (c’est tout au plus une dégradation de biens publics si on retire l’aspect religieux), et en même temps qu’il ne relève pas de la justice laïque de condamner les refus de sacrement.
Je m’explique : si la religion et l’avenir de l’âme après la mort a vraiment une signification et un poids tellement important pour toute la population que la dégradation d’une sculpture (représentant le Christ) peut être punie de mort, alors il est logique que les derniers sacrements soient perçus comme une sorte de service public qui doit être accompli par les ministères du culte sans faute, quoi qu’ils puissent en penser dans leur for intérieur. S’il y a un tri à faire, Dieu le fera plus sûrement que toute conscience individuelle, même ecclésiastique.
Au contraire, si un ministre du culte peut librement décider qui est digne ou indigne de recevoir les sacrements, nul ne peut être tenu de respecter ce de quoi l’arbitraire individuel peut le tenir écarté, à savoir Dieu et l’ensemble de la religion catholique, et alors la profanation d’un crucifix n’appelle rien d’autre qu’une réparation financière pour préjudice matériel. S’il y a préjudice en cas de profanation, il y a aussi préjudice moral en cas de refus de sacrement.
Ce qui ne veut pas forcément dire que les magistrats ont été dans leur bon droit dans un cas comme dans l’autre (aussi bien en harcelant et persécutant Mgr de la Motte, qu’en condamnant à une mort atroce le chevalier de la Barre), mais par contre le clergé à cherché à jouer sur tous les tableaux.
Enfin, détail technique : à cette époque là les "sabres" n’avaient pas vraiment cours en France. Ils restaient les armes "ethniques" des hussards, et ne se répandirent qu’à la veille de la Révolution. Les "fortes épées" de cavalerie à lame droite passaient de mode même à la guerre, si bien que la petite épée est l’arme blanche candidate la plus probable, seule d’ailleurs acceptable en ville, mais dont la légèreté exclut tout dégât sérieux à du bois. Donc il y a une incohérence quelque part : soit les dégâts ont été commis à la hache ou autre outil "sérieux", soit l’émotion était très exagérée.
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