L’Argentine va protester auprès de l’ONU contre de prochaines manoeuvres que les forces britanniques comptent effectuer sur les îles Malouines (Falkland) et autour d’elles, a annoncé lundi l’ambassadeur d’Argentine auprès de l’ONU, Jorge Arguello.
L’Argentine revendique la souveraineté sur ces îles britanniques de l’Atlantique sud, pour le contrôle desquelles Londres et Buenos Aires se sont livré une guerre en 1982.
"Nous allons demander au secrétaire général de l’ONU (Ban Ki-moon) qu’il distribue aux membres de l’organisation une copie de notre plainte, pour faire état de cette nouvelle violation des résolutions de l’ONU", a déclaré le diplomate à l’agence de presse officielle argentine Telam.
Le gouvernement argentin a élevé samedi une "protestation formelle et énergique" auprès de l’ambassade de Grande-Bretagne à Buenos Aires, exhortant Londres à renoncer à effectuer des manoeuvres devant inclure "des tirs de missiles depuis les îles Malouines", selon un communiqué diffusé par la "Maison Rose", siège du gouvernement.
D’après ce communiqué, la prochaine tenue de manoeuvres a été annoncée vendredi par "les forces britanniques" aux services de la marine de guerre argentine.
Toujours selon le communiqué argentin de samedi, la tenue de ces exercices, dont la date n’a pas été précisée, constituerait "une provocation inacceptable" qui risquerai de "provoquer une course aux armements dans la région".
Interrogée dimanche, une porte-parole du Foreign Office a confirmé à l’AFP que des manoeuvres étaient prévues, sans en préciser la date, et a souligné qu’il s’agissait d’exercices réguliers.
"Des tests de routine sont effectués tous les six mois depuis 28 ans, la dernière fois en avril de cette année", a dit la porte-parole. "Les tests se déroulent entièrement à l’intérieur des eaux territoriales des Malouines", a-t-elle précisé.
Les Malouines ont été territoire argentin jusqu’en 1833 et Buenos Aires a toujours maintenu depuis sa revendication de souveraineté sur l’archipel.
En 1982, sous la dictature du général Leopoldo Galtieri, l’Argentine a tenté de prendre par la force le contrôle des Malouines. Le Premier ministre Margaret Thatcher a envoyé une flotte pour rétablir le contrôle britannique, et après une guerre de 74 jours qui a fait 649 morts chez les Argentins et 255 chez les Britanniques, les forces de Buenos Aires se sont rendues.
L’ambassadeur argentin à l’ONU a répété lundi que pour Buenos Aires, la question de la souveraineté devait être décidée à l’ONU. "Les missiles seront tirés depuis le territoire argentin et tomberont en territoire argentin ou dans les eaux argentines. Tant que le fond de la question n’est pas élucidé à l’ONU, personne ne peut dire que le territoire argentin et les îles Malouines sont des choses distinctes", a déclaré M. Arguello à la radio La Red.
Dans un message posté à ce sujet samedi sur le réseau social Twitter, la présidente argentine Cristina Kirchner a condamné "la militarisation de l’Atlantique sud". "Colonialisme typique du XXe siècle. Usage anachronique de la force, violant le droit international", a-t-elle ajouté.
Le président vénézuélien Hugo Chavez a proclamé lundi sa solidarité avec la protestation de Buenos Aires contre les prochaines manoeuvres et a demandé à l’ensemble de l’Amérique latine de les rejeter. Il a "exigé" que Londres "cesse ses inacceptables actions colonialistes qui mettent en danger la sécurité du continent et la paix dans la région".
En Uruguay, le ministre des Affaires étrangères Luis Almagro s’est prononcé contre toute activité militaire dans l’archipel.