Les pressions, notamment exercées par le Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), auront porté leurs fruits. En effet, selon un accord-cadre conclu avec cette organisation panafricaine, la junte qui a pris le pouvoir à Bamako le 22 mars dernier, en déposant le président Touré, a accepté le retour à l’ordre constitutionnel.
Il faut dire que les putshistes n’avaient plus vraiment le choix. Alors que leur coup d’Etat était motivé par l’incapacité du pouvoir en place à lutter efficacement contre la rébellion touareg, le Mali se retrouve désormais coupé en deux, le nord étant désormais contrôlé par le MNLA (Mouvement nationale de libération de l’Azawad) et des jihadistes d’Ansar Dine, alliés à des éléments d’al-Qaïda au Maghreb islamique.
L’accord-cadre prévoit ainsi l’investiture d’un président intérimaire – qui sera le président de l’Assemblée nationale malienne – ainsi que la nomination d’un Premier ministre qui dirigera un gouverment d’union nationale afin de parer au plus pressé, en commençant par l’organisation, dans un délai de 40 jours, d’élections. Pour mémoire, un scrutin présidentiel était programmé à la fin du mois. En échange, les sanctions prises à l’égard du Mali par la Cédéao vont être levées.
Reste maintenant à régler la situation dans le nord du pays. Le MNLA a proclamé l’indépendance de l’Azawad, laquelle sera très certainement jamais reconnue par la communauté internationale.
En outre, si la rébellion touareg a atteint ses objectifs militaires ont chassant l’armée malienne du territoire qu’elle revendiquait, ses alliés jihadistes ont l’intention de poursuivre leur action et d’aller jusqu’à Bamako afin de faire du Mali une république islamique.
Qui plus est, le MNLA éprouve des difficultés à contrôler le territoire qu’il a conquis, étant donné que les jihadistes font désormais leur loi dans plusieurs secteurs, à commencer par celui de Tombouctou. Selon Mossa Ag Attaher, interrogé par l’AFP, le mouvement rebelle touareg serait prêt à combattre Ansar Dine et AQMI dans le cadre d’une « partenariat international ».
Quoi qu’il en soit, la Cédéao, qui s’est dit prête à déployer une « force d’attente » aux effectifs compris entre 2.000 et 3.000 hommes, a fait savoir aux groupes armés du Nord que le « Mali est un et indivisible » et qu’elle aura recours à tous les moyens, y compris la force, pour « assurer l’intégrité territoriale du Mali ».
Dans le cas où cette force d’attente, encore appelée Ecomog, doit intervenir au Mali, son mandat reste à définir, ou du moins à être validé par les responsables des Etats membres de la Cédéao.
En attendant, la France, par la voix de son ministre de la Défense, Gérard Longuet, s’est dit prête à assurer un soutien logistique à l’Ecomog, afin d’aider à son déploiement une fois que les différents obstacles à une telle intervention seront levés. S’il n’est pas question que des troupes françaises soient directement impliquées dans d’éventuelles opérations au Mali, l’idée est de mettre à la disposition de l’Ecomog des avions de transport.
« Ce que nous attendons de la Cédéao, c’est qu’elle travaille sur une solution politique de long terme pour le Mali » a-t-il affirmé devant les journalistes de l’Anglo-American Press Association, le 6 avril. « Naturellement, une fois que ce règlement politique sera par la communauté internationale, nous allons l’appuyer.
Nous avons les moyens matériels, comme les États-Unis, pour aider à la concentration de troupes si nécessaire » a-t-il ajouté. « Sur le plan technique, nous avons tous les moyens d’offrir la mobilité afin de faciliter le regroupement des forces de la Cédéao. La vraie question est politique » a-t-il encore insisté.