Le Canard enchaîné publiait ce matin le devis des travaux, financés par la CGT, prévus pour l’appartement du secrétaire général Thierry Lepaon. Ces révélations sont un épisode probablement décisif dans la courte histoire d’un mandat déjà très contesté.
[...] Une machination politique ?
Selon mes informations, l’affaire des travaux ne tombe pas complètement du ciel. Certains soutiennent que le devis publié par le Canard a été envoyé à plusieurs responsables la semaine dernière par courrier anonyme. Les mauvaises langues ajoutent même que Thierry Lepaon aurait reçu une mise en garde discrète il y a plus d’un mois sur son train de vie, jugé trop confortable. Ces mises en garde venaient-elles vraiment, comme cela est suggéré, de quelque exécuteur des basses oeuvres de la place Beauvau ?
Il est en tout cas certains que le gouvernement n’entretient pas les meilleures relations du monde avec le secrétaire général de la CGT. Dans la pratique, Thierry Lepaon est aussi fiable avec ses partenaires publics que Pierre Gattaz ne peut l’être. Fantasque, ludion, imprévisible, Lepaon ne tient pas sa place institutionnelle de courroie de transmission entre la base et le pouvoir. Ses nombreuses sorties injurieuses pour le président de la République n’ont pas arrangé la situation.
De là à penser que le pouvoir ait orchestré la déstabilisation en règle du secrétaire général de la CGT, il n’y a qu’un pas que les esprits pernicieux n’hésiteront pas à franchir. Pour le gouvernement, une CGT incontrôlable avec un leader contesté en interne constitue un facteur de risque évident en période économiquement sensible. Son prédécesseur, Bernard Thibault, avait le bon goût d’arrêter les grèves quand on le lui demandait.
[...] En outre, Thierry Lepaon a commis des erreurs symboliques majeures au sein de sa propre maison. Le 28 janvier 2014, il se rendait par exemple sans mandat de son organisation à une invitation du CRIF, où il a pris des positions favorables à Israël. Il n’en fallait pas plus pour lui attirer les foudres d’une grande partie de sa base, sensible à la cause palestinienne, et ennemie jurée de l’« ethnicisme » du CRIF.