M6 est une usine à fabriquer du lisse. Du tiède, du tout-va-bien, du moelleux sans croûte. On le voit dans toutes ces émissions marathon qui ne coûtent pas grand-chose à la chaîne, de « Top Chef » à « Un dîner presque parfait » en passant par les interminables séries sur la déco ou la recherche d’appartement.
Socio-historiquement, c’est passionnant : sur l’écran de notre ennui défilent une infinité de personnages fades, de familles plus lambda que la mort, de goûts aseptisés, de conversations gonflées au vide interstellaire. La pensée est repeinte couleur blanc hosto. Nous sommes les patients du docteur M6, lequel nous soigne de tous les écarts de langage. La vulgarité exceptée.
On s’en doutait, bien sûr, mais nous en avons la confirmation ces jours-ci : en réalité, M6 coupe tout ce qui dépasse au montage, la moindre opinion un poil dissidente, le moindre objet jugé « anormal ». Un poster du Che ou un buste de saint Mandela, certes, ne poseront pas de problèmes. Mais une affiche du FN, diantre !