Dans une tentative d’enrayer la progression du "oui" à l’indépendance écossaise, qui affole milieux politiques et économiques, le Premier ministre conservateur britannique David Cameron s’apprête à dévoiler un nouveau plan de transfert de pouvoirs à Edimbourg.
Ce plan, appuyé par les travaillistes, qui militent également pour un maintien de l’Écosse dans le Royaume-Uni, devrait être publié dès mardi. Il prévoit d’attribuer aux Écossais, qui disposent déjà d’une Assemblée et d’un chef de gouvernement, une autonomie plus importante en matière budgétaire, notamment dans le domaine des impôts et dépenses sociales.
Sondage inquiétant
Cette offensive intervient au lendemain du choc provoqué par la publication d’un nouveau sondage qui place pour la première fois le "oui" en tête des intentions de vote à dix jours d’un référendum sur l’indépendance de l’Écosse. Une évolution qui a fait chuter la livre britannique face à l’euro et au dollar lundi matin tandis que la Bourse de Londres baissait de près de 1% à 10H00 GMT lundi, le secteur bancaire souffrant particulièrement des incertitudes financières liées au référendum.
Agitation
En cas d’indépendance, dans quelle mesure l’Écosse pourra-t-elle garder la livre britannique ? Quid du partage de la manne pétrolière et de la réputation de havre de stabilité du Royaume-Uni qui a beaucoup fait pour soutenir la croissance du pays ces derniers temps ? Telles sont les questions qui agitent particulièrement le monde économique.
Geste "désespéré" de Londres
Pour les partisans de l’indépendance, les promesses de Londres ne constituent qu’un geste "désespéré", à dix jours du vote. "Après avoir échoué à faire peur aux Écossais, la prochaine étape est manifestement de tenter de nous acheter", s’est moqué Alex Salmond, le Premier ministre écossais et leader de la campagne pour le "oui".
Vers un Royaume-Uni fédéral ?
Pour convaincre les indécis, il faudrait aller plus loin, jugent des observateurs politiques. "Les chefs de partis au Parlement de Westminster doivent proposer de créer un Royaume-Uni fédéral et s’engager à organiser une convention constitutionnelle pour discuter de sa mise en place dans le cas où l’Écosse vote non le 18 septembre", a réclamé Will Hutton, de l’Observer. "Il y a des moments dans la gestion des affaires d’un pays où il faut penser les choses en grand. C’est le moment de faire preuve d’habilité politique", a-t-il ajouté, à l’adresse de David Cameron et du chef du Parti travailliste Ed Milliband alors que selon le sondage YouGov/Sunday Times, 35% des électeurs travaillistes soutiennent désormais l’indépendance contre 18% début août.
L’austérité pointée du doigt
L’ancien Premier ministre travailliste Gordon Brown, écossais, a accusé la politique d’austérité de la coalition gouvernementale au pouvoir d’être responsable de la montée des indépendantistes. "Beaucoup sont en colère contre la Bedroom Tax -un impôt appliqué aux occupants de logements sociaux ayant une chambre d’amis- qui a été imposée aux Écossais contre leur volonté au même moment où les plus riches bénéficiaient de réductions d’impôts", a-t-il souligné dans une tribune au Sunday Mirror. L’un des arguments principaux des indépendantistes est de rendre l’Écosse "plus juste et plus prospère".
"Campagne de la peur"
David Cameron, particulièrement impopulaire dans cette région ancrée à gauche, a tenté depuis le début de la campagne de déconnecter le débat du référendum de sa personne en refusant notamment de débattre à la télévision contre Alex Salmond. Vendredi, il maintenait la dialectique de "la campagne de la peur" dénoncé par le Parti national écossais (SNP) d’Alex Salmond, affirmant que l’Écosse serait plus en sécurité au sein du Royaume-Uni "dans un monde dangereux et incertain".
Avantages de l’union
Lundi matin, Alistair Darling, ancien ministre des Finances travailliste qui dirige la campagne "Better together" (mieux ensemble), a adopté un ton plus constructif pour défendre les avantages du maintien de l’union. Appelant sur la BBC à prendre du recul par rapport au dernier sondage, il s’est dit confiant dans la victoire du "non" "parce que nous avons une vision très forte, très positive" de l’avenir de l’Écosse avec notamment "un Parlement écossais renforcé, avec davantage de pouvoirs, c’est ce que les gens veulent".