L’OTAN a omis d’enquêter sur plusieurs dizaines de morts parmi les civils au cours de ses sept mois de campagne militaire en Libye, a déclaré Amnesty International. L’OTAN a exprimé ses « regrets » pour les victimes civiles, mais n’a pris aucune mesure pour ouvrir une enquête.
« Il est profondément décevant que plus de quatre mois après la fin de la campagne militaire, les victimes et les proches des personnes tuées par des frappes aériennes de l’OTAN restent dans l’ignorance de ce qui s’est passé et de qui était responsable », a déclaré ce lundi Donatella Rovera, Conseillère principale à Amnesty international.
Elle a souligné que si l’OTAN est vraiment vouée à la protection des civils, alors elle ne peut pas simplement « écarter la mort de dizaines de civils avec une vague déclaration de regrets ».
30 000 tués
Le ministre de la Santé du Conseil national de transition libyen estime que environ 30 000 personnes ont été tués pendant le conflit.
Amnesty International a lancé le 5 mars un appel à l’OTAN , l’exhortant à mener une enquête approfondie sur les décès de civils recensés par l’ONG. En outre, Amnesty a demandé que les conclusions de toute enquête ultérieure soient rendues publiques et que les familles des victimes soient indemnisées.
Amnesty a déclaré que l’OTAN n’avait même pas essayé de contacter les familles des victimes tuées dans les frappes aériennes.
La réaction de l’OTAN communiquée le 15 mars, ne tient pas compte des cas de victimes civiles soulevés par Amnesty International, et se contente de cette déclaration :
« Alors que l’OTAN a fait tout son possible pour minimiser les risques pour les civils, dans une opération militaire complexe où le risque ne peut pas être réduit à zéro, l’OTAN regrette profondément tout dommage pouvant avoir été causé par ses frappes aériennes. »
Amnesty a publié ce lundi ses conclusions dans un rapport intitulé « La Libye : Les victimes oubliées de frappes de l’OTAN ».
Le document décrit les résultats des enquêtes de l’ONG sur nombre de victimes civiles des frappes de l’OTAN, en soulignant à plusieurs reprises que « des précautions insuffisantes ont été prises dans des attaques contre des combattants dans des zones habitées ».
L’enquête cite 55 civils et en donne les noms, dont des femmes et des enfants qui ont été tués lors des frappes aériennes sur Tripoli, Zlitan, Majer, Syrte et Brega. En outre, l’ONG n’a trouvé aucune preuve indiquant que les maisons ciblées par les attaques étaient utilisées à des fins militaires.
Alors que l’ONG veut bien croire que l’OTAN ait pris des précautions pour éviter les victimes civiles, elle a souligné le fait que cela ne la dispense pas de mener des enquêtes complètes. L’objet de l’enquête devrait établir si le droit international a été violé pendant les frappes aériennes.
Au cours de ses sept mois de campagne de bombardements, qui s’est terminée dans le renversement du colonel Kadhafi, l’OTAN a mené environ 9600 opérations de frappes aériennes qui ont détruit 5900 cibles.
Les forces de la coalition ont commencé leur campagne en Libye en mars 2005, prétendant avoir la responsabilité de protéger les civils menacés dans la guerre civile libyenne. La campagne a impliqué 19 pays différents, dont la France, le Royaume-Uni et les États-Unis.