La question de savoir qui a envoyé au moins deux avions au-dessus de Tripoli pour aller bombarder des positions tenues par les milices islamistes de Misrata, dans la nuit du 17 au 18 août, reste pour le moment sans réponse… satisfaisante.
À priori, la base de Mitiga, près de Tripoli, a été la cible de ces frappes aériennes. Cette dernière est effectivement sous le contrôle des miliciens islamistes, lesquelles affrontent, depuis la mi-juillet, les brigades de Zenten, proche des milieux libéraux libyens. De source médicale, ces bombardements ont fait au moins 5 tués et un « certain nombre » de blessés.
Le gouvernement provisoire libyen, qui peine à imposer son autorité, est dans le brouillard. Il a cependant demandé à l’état-major et au renseignement militaire d’enquêter sur cette attaque et dit avoir contacté des « pays amis » pour tenter d’identifier les avions qui y ont participé.
Au petit jeu des rumeurs, l’une d’entre elles affirme que la France et l’Italie seraient responsables de ces frappes aériennes. Ce que le ministère français des Affaires étrangères a catégoriquement démenti le 18 août.
« Les rumeurs faisant état de frappes aériennes en Libye auxquelles la France aurait participé sont infondées. La priorité de la France est d’obtenir un accord politique afin que les combats cessent à Tripoli, à Benghazi et partout en Libye », a en effet fait valoir le Quai d’Orsay.
Une des pistes probables serait celle du général Khalifa Haftar. Ce dernier, revenu en Libye en 2011 après 20 ans d’exil aux États-Unis, a lancé l’opération « Dignité » dans l’est du pays, à Benghazi, contre les groupes islamistes et jihadistes qui y sévissent. Il est soutenu par une bonne partie de l’armée régulière libyenne, dont des unités des forces aériennes.
Un de ses proches, le général Saqr Jarouchi, a affirmé, à l’AFP, que les frappes sur Tripoli étaient bel et bien le fait des forces du général Haftar. « Ce sont nos avions qui ont lancé les raids », a-t-il dit, en précisant que l’objectif était les miliciens de Misrata.
Seulement, les soutiens du général Haftar sont dans la région de Benghazi, pas à Tripoli… où des unités des forces aériennes libyennes n’ont pas rejoint son camp. « C’est un raid mené par des avions étrangers et non libyens », ont-elles affirmé, dans un communiqué.
Et pour appuyer cette thèse, elles ont fait valoir que les appareils présents en Libye (une vingtaine, tout au plus, dont 2 Mirage F1, quelques MiG-23 et une poignée d’antiques MiG-21) ne sont pas en mesure de mener des frappes aériennes nocturnes et que ceux contrôlés par le général Haftar n’ont pas les moyens d’être ravitaillés en vol. Et puis se pose aussi la qualification des pilotes pour un tel exercice.