La presse est une compagne éphémère. La Libye est très bien placée pour en témoigner. Un peu plus d’un an après le début de sa révolution, le pays est redevenu un désert médiatique. Fini le temps où les caméras du monde entier suivaient la volonté implacable d’un peuple d’en découdre avec son tortionnaire.
Maintenant, la Syrie est attrayante. Les journalistes tentent par tous les moyens de s’y rendre, et parfois malheureusement au péril de leur vie. Qu’en est-il aujourd’hui de la situation au sein des anciennes terres de Mouammar Kadhafi ?
Si, une chose est sûre, rien n’est simple. En effet, aujourd’hui, la Libye est menacée de fragmentation. L’inaliénabilité de son territoire est remis en question. Le séparatisme pointe son nez. Avec pour factions principales, le CNT (conseil national de transition) à l’ouest qui dirige provisoirement le pays et à l’est, des milices locales qui semblent incontrôlables.
Mardi 6 mars, des chefs de tribus orientales – d’où sont originaires ces milices – ont proclamé « l’autonomie de la Cyrénaïque« . La Cyrénaïque est une terre représentant plus du tiers est du pays. Quand la Libye était encore fédérale, il s’agissait d’un des trois territoires la composant. C’est de cette région qu’est partie la fronde anti-kadhafi.
Le ton est monté du côté du CNT, qui a multiplié les déclarations : « nous ne sommes pas préparés à une division de la Libye« . Les dirigeants provisoires du pays ont pointé du doigt, avec colère, des manipulations provenant des pays arabes voisins et des restes du régime kadhafi : c’est une « sédition » menée par « des pays arabes frères » dans le but de « ne pas être contaminés par la révolution » .
Le conseil n’a pas éliminé la possibilité d’une réponse armée : « Ils [les frères de Cyrénaïque] devraient savoir que des ‘infiltrés’ et des ‘restes’ du régime de Kadhafi tentent de les utiliser, et nous sommes prêts à les en dissuader, même par la force ».
Ces divisions ne sont pas des surprises dans la mesure où le pays est formé par plus de 150 tribus, parfois antagonistes. Ces oppositions avaient été prévues par Saïf-Al-Islam, le fils du tyran déchu : « La Libye est une société de clans et de tribus. [Ces divisions] pourraient causer des guerres civiles« .
Patrick Haimzadeh, ancien diplomate français en Libye, explique que le CNT n’a aucune crédibilité en Libye : le conseil « ne dispose pas d’une légitimité auprès de la population, auprès des milices non plus« .
L’aube de nouveaux conflits armés pour un pays qui vient juste de goûter à la paix ?